(dépêche)
Confusion institutionnelle
par RFI
Madagascar
Article publié le 17/03/2009 Dernière mise à jour le 17/03/2009 à 18:34 TU
Andry Rajoelina devant le palais présidentiel d'Antananarivo, le 17 mars 2009.
(Photo : Siphiwe Sibeko/Reuters)
La situation institutionnelle reste très confuse, ce soir, à Madagascar. Dans la Grande Ile, on a parlé de démission du président Ravalomanana. Les partisans du leader de l'opposition Andry
Rajoelina s'en réjouissent. Cependant le communiqué de la présidence malgache ne dit pas qu'il s'agit d'une démission, mais que le président confère les pouvoirs exécutifs à un «directoire
militaire» pour organiser des Assises Nationales. Ce directoire de généraux est refusé par l'état- major de l'armée, qui a basculé dans le camp de l'opposition. Trois généraux membres de ce
directoire ont même été arrêtés alors qu'ils tentaient de tenir leur première réunion.
Vers 11 h 30 TU, RFI a appris que le président Ravalomanana a signé une ordonnance pour transférer tous ses pouvoirs et ceux de son gouvernement à un « directoire militaire ». A la suite de
la signature de cette ordonnance, le conseil des Eglises malgaches - qui rassemble les Eglises protestantes et catholiques - a organisé une réunion de médiation avec l’ensemble des acteurs de la
crise. Mais cette réunion a mal tourné.
Le médiateur, Monseigneur Odon Razanakolona, archevêque d’Antananarivo, a voulu informer tous les acteurs de cette affaire de l’ordonnance présidentielle. Il a donc convoqué l’état-major,
Andry Rajeolina, en présence des différents émissaires, celui de l’ONU, de l’Union africaine, et quelques diplomates, dont le doyen, le nonce apostolique.
Les membres du directoire arrêtés
Lorsque Andry Rajoelina est arrivé et a été informé du contenu de cette ordonnance présidentielle, qui donne donc le pouvoir du président à un directoire militaire, il a visiblement
refusé et était assez mécontent. Il est sorti. Et, à ce moment-là, le groupe de militaires qui l’accompagnent toujours s’est énervé et a arrêté les trois hauts gradés membres qui devaient prendre
ce fameux directoire, et qui se trouvaient à cette réunion, puis les ont emmenés au CAPSAT, le camp militaire proche de la capitale, d’où est partie la mutinerie qui a précédé le lâchage du
président Ravalomanana par l’armée ces derniers jours.
Il y a eu également l’arrestation du pasteur Lala, un des pasteurs du conseil des Eglises, qui fait partie de l’Eglise du président, qui dirige une église protestante. En début de soirée, la
situation était donc toujours très confuse à Madagascar.
L'UA demande à l'armée de ne pas porter Rajoelina au pouvoir
L'Union africaine a exhorté, ce mardi, l'armée malgache à ne pas transférer les pouvoirs, que lui a remis Marc Ravolomanana, à Andry Rajoelina. «Si les militaires remettent le pouvoir
au maire, ce ne sera pas constitutionnel», a déclaré le Gabonais Jean Ping, président de la commission de l'UA, en estimant que ce pourrait alors être considéré comme un coup d'Etat. Le Conseil
de paix et de sécurité de l'Union africaine a, par ailleurs, lancé un appel pour que «la sécurité du président Ravalomanana soit assurée», à l'issue d'une réunion d'urgence à Addis Abeba sur la
crise à Madagascar.