Le plan pour sauver l'équipe de France : provinces ou pas ?

Publié le 17 mars 2009 par Pierre Salviac

J’aimerais revenir sur le match Angleterre-France. Deux observations s’imposent :

1) Le crunch opposait une nation classée 7ème (la France) à une nation classée 8ème (l’Angleterre) au ranking de l’IRB. C’est dire combien sont tombées bas les deux nations d’Europe qui comptent le plus de licenciés.

2) L’Angleterre et la France sont les deux seules grandes nations qui protègent leur championnat de club, les autres, ( nations de l’hémisphère sud et nations celtes) favorisent des compétitions provinciales.

Si l’équipe de France est en lambeaux aujourd’hui à qui la faute ? A Marc Liévremont ?

Sans doute porte-t-il une part de responsabilité. Mais il aura beau jeu de nous faire remarquer que son bilan (7 victoires, 7 défaites au cours des 14 premiers matches de son mandat) est au moins égal à celui de Bernard Laporte au cours des 14 premiers matches de son premier mandat. Et que la déroute de Twickenham ce dimanche n’est pas pire que les déroutes de l’ère Laporte : 19-48 en 2001, et 14-45 en 2003 (match préparatoire à la Coupe du Monde).

Donc, si Liévremont doit porter le chapeau d’une équipe de France, qui n’est plus compétitive au niveau international, il ne doit pas être le seul. Les Présidents des Clubs du Top 14, qui compteront dans leurs "multinationales" 50% de joueurs non sélectionnables l’an prochain (selon les prévision de la Ligue), ne font rien pour sauver le soldat "XV de France".

En même temps que, la main sur le coeur, ils promettent d’aider le sélectionneur national ils sont en train d’accoucher d’une formule de championnat pour la saison prochaine encore pire que la formule présente puisqu’elle prévoit : une journée de championnat supplémentaire, 5 matches en doublon avec les matches de l’équipe de France, et 3 matches en semaine.

Conscient du danger, le Président Camou vient de monter au filet. Il a averti les Présidents du Top 14. S’ils ne font pas d’efforts pour alléger le calendrier domestique des meilleurs joueurs, la FFR mettra en place un système de Provinces. Et n’aura pas de mal à convaincre son collègue anglais de faire de même si l’envie lui prend.

Pour ménager les susceptibilités ce système en France ne porterait pas le nom de Provinces mais de Franchises. En tout état de cause, comme cela se fait pour toutes les autres nations, sauf la France et l’Angleterre, les meilleurs joueurs seraient sous contrat annuel avec leur Fédération et plus avec des Clubs.

Afin de générer une économie à ce format les Fédérations des Grandes Nations du Nord mettraient en place un Tournoi Européen calqué sur le modèle des 6 Nations. C’est à dire sans montée ni descente. Ce Tournoi impliquerait 4 franchises françaises, 4 anglaises, 3 galloises, 3 irlandaises, 2 écossaises. Une sorte de Top 16 qui ressemblerait à celui de l’hémisphère sud. Comme "down-under" les internationaux en contrat avec la Fédération Française ne joueraient que les 6 Nations, les matches de Tournées et ce Tournoi Européen des Provinces-Franchises.

Dans cette perspective disparaîtront les tournées telles que nous les connaissons. Elles seraient remplacées par des matches de gala qui déplaceraient leur chapiteau à Hong Kong, Tokyo, Denver, Moscou et Londres. Bref, dans toutes les villes génératrices de bon business.

J’entends déjà les partisans du statu-quo au nom de la tradition (Bouclier de Brennus + Coupe d’Europe pour les plus nantis) dire "Halte au Feu". Ils veulent bien dire qu’il faut vivre avec leur temps mais à condition qu’on ne touche pas à leurs privilèges. Ce sont pourtant ceux-là qui vont précipiter cette révolution qui apparaît de plus en plus nécessaire pour sauver le soldat "XV de France" parce qu’autrement on court à la catastrophe.

C’est en effet le moment de rappeler le théorème de Bernard Laporte : "Une équipe de France de rugby qui perd, c’est un sport qui meurt dans notre pays."