Je ne me demande plus depuis longtemps si les animaux sont des humains comme les autres, tellement il va de soi que Rantanplan et Einstein mes deux chattes sont aussi humaines que n'importe qui... moi, ce que je me demande c'est si les objets ne seraient pas eux aussi des humains comme les autres...
Il faut dire que chez nous, du temps où j'étais pas bien grand, ça manquait assez d'humains du type à deux pattes autour de moi. Entre ma mère qui travaillait à mi-temps, douze heures par jour, mon père qui passait son temps à éviter ma mère, préférant aller de maison de repos en hôpital, et mon frère... lui, en fait je n'avais pas très envie de le croiser, nos échanges se limitant souvent à quelques baffes fraternelles. Donc entre tout ça et une timidité un peu trop... les seuls autres humains à par mes chats que j'avais pour jouer étaient... des objets.
Et c'est ainsi que je passais mes journées avec Paires de z'ieux, l'énorme et inquiétante paire de ciseaux de mon père, Fil de fer, le mannequin de couture dont l'armature avait finit par devenir visible et Tacatac l'antique machine à coudre à roulettes, une machine que mon père n'utilisait plus mais qui avait impressionné bien des ennemis avec ses aiguilles redoutables... Il y avait ceux-là et bien d'autres avec qui je vivais de biens étranges aventures à l'écart des regards...
Le seul vrai problème que j'avais alors était de redevenir le petit ange de sa maman quand elle rentrait en faisant disparaître toutes les traces, certaines fois trop visibles, de nos aventures...
Les ponts de singe qui nous avaient aidés à nous échapper entre deux fauteuils, les pièges divers et variés, tels les terrifiants trous à pointes que nous laissions derrière nous, c'est fou ce qu'on peut faire avec une pelote d'épingle... et les cages devant tomber du plafond et les cordes sensées vous attraper le pied et vous envoyer dans les airs et... Il faut dire que nous avions contre nous le pire des ennemis, un de ces êtres maléfiques que tous les petits garçons à l'imagination un peu débordante craignent... le grand frère raisonnable !
A cette époque les objets étaient donc pour moi des humains comme les autres et avec l'âge je n'ai pas vraiment changé...
Sauf que maintenant ce sont des objet culinaires qui peuplent ma vie... Et tout ça n'est pas bien grave tant que je reste dans ma cuisine avec eux, le problème c'est que certaines fois ma vie intérieure oublie de rester... intérieure !
Parce que moi quand j'ai dû changer mon grille-pain, moi je ne veux pas savoir s'il grille sans brûler comme nous le disait une vendeuse pas très inspirée, fatiguée visiblement de répéter son petit argumentaire, non je ne veux pas savoir ça.... ou pas que ça... Je veux aussi savoir s'il sait chanter des chansons de pirates et s'il les poussera haut et fort quand nous vogueront sur le micro-onde voisin le nez au vent décoiffé par les embruns... et s'il me répondra Oui mon capitaine ! Hooo oui ! quand je lui montrerait au loin le vaisseau du terrible balai espagnol, un borgne de nos ennemis toujours prêt à essayer de m'envoyer par le fond de ma cuisine... Oui mon capitaine ! Hooo oui ! j'attendrai qu'il me dise quand je lancerai mon A vos pièces moussaillon ! Chargez vos tranches et pas de prisonniers !
Mais ça j'hésite encore à le demander aux petites vendeuses que je croise dans les magasins, j'hésite encore... Mais heureusement depuis que j'ai découvert la cuisson basse température une cuisson longue, longue... j'ai le temps d'en parler, de me confier à mon analyste pendant les longues heures de cuisson jusqu'à ce que finalement il me libère d'un à la semaine prochaine avant de le compléter d'un et n'oublie pas tes souris d'agneau ça fait quand même trois heures que je suis en train de te les faire cuire... Quand le vendeur nous avait parlé de gazinière multi-fonctions il ne savait pas à quel point il était dans le vrai...
Des souris et des épices... ou les souris d'agneau en cuisson lente
Ingrédients : 2 souris d'agneau - 2càs soupe de huile (selon les cas utilisez l'huile qui s'associe le mieux à la préparation, huile d'olive pour la première et la troisième, huile de colza pour la deuxième) - de la Carta Fata un film que j'ai découvert grâce à Stéphanie (on peut remplacer le film transparent éventuellement par du papier sulfurisé ou aluminium mais c'est tellement moins joli...)
première version : 1 bouquet de romarin et de thym mélangé - 2 ou 3 oignons nouveaux - 1càs de miel - 1/2 càc de mélange pour pain d'épices - sel
deuxième version : 1 botte de navets - 1càs de miel - 1càs de sauce soja - du piment japonais
troisième version : 1botte d'oignons nouveaux - 1càs de miel - 1/2 càc de mélange pour pain d'épices ou de ras el hanout - 20g de gingembre confit - 12 abricots secs - sel
Dans tous les cas commencez par mettre l'huile dans une cocotte à feu assez vif et colorez bien les souris de tous les côtés.
Ensuite selon les cas...
Première version : Posez les herbes sur une feuille de Carta Fata, puis posez-en une autre plus petite dessus. Posez les souris dessus. Mettez les oignons dans la cocotte et faites-les très rapidement colorer. Ajoutez-les sur la feuille. Versez le miel puis les épices sur les souris. Refermez bien la papillote de manière à ne pas fermer la feuille intérieure de manière à laisser les parfums des herbes imprégner la viande.
Enfournez dans un four préchauffé à 110° pendant environ 1heure 20, vous aurez alors une viande rose sur l'os. Sinon basculez dans la cuisson longue et laissez alors tout ça cuire pendant 3heures à 3h30 pour avoir une viande complètement confite.
Pour la première et la deuxième version je pense que la cuisson courte se prête bien à la recette et la cuisson longue pour la troisième.
Deuxième version : Epluchez les navets. Posez les souris après cuisson sur une feuilles de Carta Fata. Mettez les navets dans la cocotte et faites-les très rapidement colorer. Ajoutez-les sur la feuille. Versez le miel puis le soja et le piment sur les souris. Refermez la papillote et faites cuire selon les indications de la première version.
Troisième version : Posez les souris après cuisson sur une feuilles de Carta Fata. Mettez les oignons dans la cocotte et faites-les très rapidement colorer. Ajoutez-les sur la feuille. Versez le miel puis les épices, le gingembre et les abricots. Refermez la papillote et faites cuire selon les indications de la première version en préférant si possible la version longue. Pensez à préparer un peu de semoule qui accompagnera très bien cette recette.
Si vous voulez vous amuser un peu plus, en fin de cuisson faites un tout petit trou dans la papillote, recueillez le jus et faites le réduire. Vous n'aurez plus alors qu'à napper la viande avec la papillote à peine ouverte.
Mais pourquoi, Oui mon capitaine ! Hooo oui !... est-ce que je vous raconte ça...
P.S. : L'autre jour alors que je participais à un atelier LG où on nous présentait le tout nouveau et très performant four DuoChef de chez LG après que notre accompagnateur du jour nous a présenté tous les réels avantages de l'objet, toutes ces cuissons alternées, simultanées... moi une fois je n'ai pas pu totalement me réprimer et discrètement après la démonstration je suis venu lui donner une petite tape sur la tête du dit Duo^Chef et lui lâcher un... t'inquiète pas petit on va se retrouver, on ne te laisserait pas comme ça... t'inquiète... et il m'a bien semblé alors entendre... Oui mon capitaine ! Hooo oui !... il m'a bien semblé... Alors peut-être à suivre...