Nous évoquions hier les timides tentatives de deux parlementaires pour faire participer de façon plus significative les plus riches contribuables à la crise économique et sociale qui touche notre pays.
C'était sans compter sur notre Président et son Ministre du budget Eric Woerth qui a répondu avec un parfait aplomb : "Il y a deux ans, on a arrêté le bouclier fiscal à 50 %. On ne va pas changer d'avis tous les quatre matins […]. Bien sûr, on maintient le bouclier fiscal", a déclaré le ministre du budget sur Europe 1. "Le bouclier fiscal est une mesure de justice fiscale, tout simplement. Le bouclier fiscal, c'est dire à des Français qu'ils ne travailleront pas plus d'un jour sur deux pour l'Etat. Ce sont des Français qui paient déjà beaucoup d'impôts et il est logique que, dans l'impôt, il y ait un plafonnement"
En clair, les français qui ne sont pas concernés par ce bouclier seront les seuls à faire les frais et régler les dégâts de cette crise.
Idéologie ou provocation ? On est en droit de se poser la question.
L'argument avancé par Eric Woerth est celui utilisé pendant la campagne présidentielle : De peur de voir les plus riches quitter le territoire national, il est indispensable de leur aménager une fiscalité n'excédant pas 50% de TOUS leurs revenus. Cette mesure a permis à un petit nombre de nos concitoyens et contribuables de se voir rembourser par le Trésor des montants importants et pour certains de payer moins d'impôts que des salariés aux revenus bien inférieurs. Oui, mais le bouclier fiscal a été institué avant la crise et s'inscrivait dans la loi TEPA qui incluait les heures supplémentaires, ce qui permettait au gouvernement de justifier le plafonnement de l'imposition des hauts revenus.
Or, selon Les Echos : "Au 12 février 2009, les restitutions d'impôt au titre de l'année 2008 ont atteint 458 millions d'euros et concerné 13.998 contribuables. Si 2.500 dossiers sont encore en cours d'examen, le nombre de bénéficiaires de la mesure est pour l'instant, étonnamment, en léger recul par rapport à 2007 (près de 15.000 remboursements pour un coût global de 241 millions d'euros avec le bouclier à 60 %), alors que le plafond a été abaissé et que les simulations évaluaient le nombre de bénéficiaires à... 235.000. En revanche, le gain moyen par foyer a plus que doublé, à 33.000 euros, contre 16.100 euros l'année précédente.
Il est par ailleurs étonnant de constater que : "Bercy avait initialement tablé sur 235.000 bénéficiaires !" cet écart est à mettre au compte de contribuables qui ne souhaitent pas voir le fisc se montrer curieux dans la mesure où les remboursements sont liés à un examen de la situation des demandeurs - Source Les Echos
En clair, l'état rembourse plus qu'en 2007 et notamment à des contribuables déclarant un revenu fiscal inférieur à 12.991 euros, mais le bénéfice moyen, lui, s'élève à 33.000 euros, ce qui implique des restitutions très importantes pour les plus riches. Magique !!!!
Aujourd'hui l'aggravation de la situation économique rendent de plus en plus caduques les exonérations de charges sur les heures supplémentaires puisque les carnets de commandes des entreprises sont très bas ou carrément vides (en fonction du secteur d'activité.) Les très nombreux plans sociaux et le chômage partiel quand il ne s'agit pas de faillites portent un nouveau coup aux finances de l'Etat et les seules solutions reposent sur la suppression définitive des niches fiscales et du bouclier fiscal.
Dans le cas contraire, comment expliquer aux français dont le revenus moyen mensuel est de 1200 Euro qu'il est nécessaire de faire des efforts ? Est-il normal de sabrer les budgets sociaux et l'ensemble des services publics qui sont au service de toute la nation au nom d'une promesse de campagne électorale ?
Les plus grosses fortunes françaises ont déjà quitté l'hexagone pour la Belgique ou la Suisse et n'envisagent en aucun cas de revenir s'installer chez nous. La preuve en est que Madame Lagarde et ses services n'ont qu'un seul cas à nous donner en exemple : Denis Payre cofondateur de Business Objects et de CroissancePlus (organisation d'employeurs de grandes banques, cabinets d'avocats, de conseil, d’audit, d’expertise-comptable, de recrutement, de capital-risque, business angels)
Il s'agit donc bien de la part du Président, de son gouvernement et de la majeure partie de sa majorité de continuer à nous raconter "les belles histoires de l'oncle Paul" Tout le monde sait que la fortune des plus hauts contribuables français repose sur la rente et que les avantages fiscaux obtenus au travers du bouclier fiscal ne créent aucun emploi. Il s'agit donc d'une justice de classe que nos dirigeants politiques persistent à valider et qui devient de plus en plus indéfendable.
C'est d'autant moins défendable qu'un certain nombre de contribuables concernés par le bouclier fiscal sont également clients d'établissements financiers situés dans des paradis fiscaux comme le gouvernement allemand l'a prouvé et comme Eric Woerth le reconnaissait du bout des lèvres.
Alors, comment gouverner un pays de plus de 65 millions d'habitant en s'arc-boutant sur une mesure qui ne trouve plus de justification ?
Les français se posent eux mêmes la question en y répondant dans le dernier sondage concernant le mouvement social du 19 Mars
Plus de sept Français sur dix (74%) estiment la journée de mobilisation de jeudi "justifiée", et 62% d'entre eux jugent que la politique économique menée par le gouvernement Fillon face à la crise est "mauvaise", selon un sondage BVA-BPI rendu public mardi par "Les Echos" et "France-Info".
Quarante-deux pour cent des personnes interrogées considèrent que le mouvement de grève de jeudi plutôt justifié et 32% tout à fait justifié. Parmi eux, 55% sont des sympathisants de droite et 75% des catégories supérieures (CSP+).
Par contre, 12% affirment qu'il n'est pas vraiment justifié et 11% qu'il n'est pas du tout justifié. Ils sont 3% à ne pas se prononcer.
Dans ce sondage réalisé les 13 et 14 mars, 62% des personnes interrogées estiment que la politique du gouvernement est "mauvaise", soit deux points de plus que le mois précédent. Par contre, 34% des Français avancent que c'est une "bonne" politique économique.
Ce sondage a été réalisé les 13 et 14 mars 2009. AP/ Nouvel Obs
Entre votre fascination pour les grandes fortunes et votre métier de responsable de tous les français, il va falloir choisir monsieur le Président. A moins que vous ne préfériez que les plus nombreux ne vous fassent tomber de votre piédestal au nom des quinze points que vous clamiez pendant la campagne de 2007 - Source sarkozy.fr
1. Mettre fin à l'impuissance publique
2. Une démocratie irréprochable
3. Vaincre le chômage
4. Réhabiliter le travail
5. Augmenter le pouvoir d'achat
6. L'Europe doit protéger dans la mondialisation
7. Répondre à l'urgence du développement durable
8. Permettre à tous les Français d'être propriétaires de leur logement
9. Transmettre les repères de l'autorité, du respect et du mérite
10. Une école qui garantit la réussite de tous les élèves
11. Mettre l'enseignement supérieur et la recherche au niveau des meilleurs mondiaux
12. Sortir les quartiers difficiles de l'engrenage de la violence et de la relégation
13. Maîtriser l'immigration
14. De grandes politiques de solidarité, fraternelles et responsables
15. Fiers d'être français
Mais, comme tant d'autres, considérez-vous que les promesses électorales n'engagent que ceux qui y croient .... En ce cas, rendez-vous (entre autre) au 19 mars
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L'internaute