Au salon du livre 2009, comme lors de tous les salons, il y a les vainqueurs et les perdants.
Les vainqueurs sont les stars incontestées du showbiz littéraire, de la médiatisation réussie, des gros chèques de droits d'auteurs, ceux qui font vivre les grandes maisons; ceux qui passent les 100.000 exemplaires et qui remettent ça régulièrement. Bref, ceux qui nous font baver d'envie.
Pour eux tout est prêt, les VIP sont attendues comme les messies qu'ils sont. Des attachés très libres de leurs mouvements mettent en place les tables, des piles de bouquins tout frais sortis des presses hyper-performantes-sentant-bon-le-livre-chaud, la photo avec le nom est placée au dessus du dédicaceur (des fois que les gens ne sachent pas à qui ils ont affaire ?), la file d'attente peut se mettre en place.
Bien sûr Yasmina khadra est dans le lot de ceux qui déchaine les foules. Pourtant, il reste tous sourire au vent, un mot pour tous, la photo côte à côte en se tenant par l'épaule de rigueur, de face et de très près malgré la cohue pour moi qui ne demandais pas même une dédicace !
Un grand monsieur qui sait toucher les cœurs et remuer les consciences, secouer le lecteur là où ça fait mal, là où sonnent les accents de vérité.
François Cavanna affichant son éternel sourire un peu narquois sous le feu des flashs. Plus gaulois que lui, on meurt de suite !
Allain Bougrain Dubourg signe en se faisant prendre en photo par une flopée de jolies filles, le sourire aux lèvres…
José Bové, tout seul à sa table ne signant rien du tout malgré le livre devant lui, dont j'ai oublié de quoi il parle, mais souriant aux crépitements des flashs qui le mitraillent sans arrêt.
La rançon de la gloire ou revers de la médaille, mais avec la meilleure humeur du monde ..!
(Pour la fine bouche, papa Bové travaillait pour l'INRA qui recherche sur les OGM, et aurait participé aux dites recherches, quoi qu'en dise le fiston…)
Il y en avait un catalogue de 21 pages de noms, soit plus de 2000 auteurs à venir se confronter avec plus ou moins se succès au public.
Devant leurs livres neufs, les auteurs semblent d'étranges personnages. Le point commun de tous est d'avoir un livre à dédicacer, mais le comportement varie en fonction de…, de….
Certains, attendent, attendent beaucoup, aussi star médiatique qu'ils fussent… Ils ont un sourire un peu figé, l'œil scrutant le badaud qui passe en priant le ciel que ce dernier s'arrête, ne fut-ce qu'une seconde, mais non. Certain font semblant d'avoir l'air occupé à quelque chose, d'autres sourient benoîtement, mais tous s'emmerdent ferme.
Parmi eux, beaucoup d'auteurs plus ou moins connus, dont il serait trop long de parler.
L'an prochain je serai l'un d'eux, un petit, un obscurs au firmament, j'en trouille déjà ..!
Un détail curieux m'a interpelé, les petits auteurs et autres primo sont inquiets, rigolards ou se tapent la discute avec le collègue d'à côté le plus souvent, ils restent ouvert aux autres. Ils sont accueillants et aimables. On a envie d'aller vers eux et parler du livre qu'ils chérissent par-dessus tout. Avec eux, j'ai pu discuter des galères qu'ils ont rencontrées avant de trouver un éditeur, de leurs parcours difficiles; ils étaient là pour cela et en profitaient un maximum.
Cependant, un petit nombre restaient sur leur quant-à-eux, hautains et distants, presque sidérés qu'on ne les reconnaisse pas, qu'on ne se précipite pas sur leur prose pour les encenser, que pour eux le couvert ne soit pas déjà mit lors de leur arrivée; mais ceux-là, restaient seuls à attendre la fin de la journée.
On peut donc s'aigrir d'avoir écrit un livre, cela m'a déçu pour eux.