Un lycéen a mis en ligne un site sur les réformes Darcos. La police s’est déplacée dans son établissement pour obtenir son dossier
scolaire
Hélène Bréault
Stéphane*, un lycéen de 15 ans habitant à Bry-sur-Marne, ne se doutait pas que
créer un blog aurait de telles conséquences. A peine en service, son site consacré aux réformes Darcos a été repéré par la police. « C’est même la DCRI (NDLR : Direction centrale du renseignement
intérieur), ex-renseignements généraux, qui s’est présentée dans son établissement du Perreux pour demander son dossier scolaire », détaille Johan Ankri, conseiller municipal de Bry (PS).
Le jeune homme n’a toujours pas compris ce qui a pu se passer… « J’ai participé
aux manifestations contre les réformes Darcos et les suppressions de postes, raconte Stéphane, élève de seconde. Avec un ami, nous avons pensé qu’il serait intéressant de créer un blog pour
informer les jeunes du Val-de-Marne des mouvements de grève, expliquer les réformes et leurs conséquences. » Le blog CIL 94170 (Comité indépendant lycéen) est mis en ligne pendant les vacances de
Noël et, début janvier, après une rapide discussion téléphonique avec une journaliste, s’est retrouvé dans les colonnes d’un hebdomadaire.
« Que fait-on du droit d’expression ? »
« En rentrant de vacances, le 5 janvier, on a un peu parlé du blog entre nous,
mais sans plus. Le lendemain, le conseiller principal d’éducation est venu me chercher en classe et m’a interrogé sur le site. J’ai appris que deux policiers étaient venus au lycée pour avoir des
renseignements sur nous et nos parents.
Depuis je n’ai pas de nouvelles. Je sais seulement que le blog a été désactivé il y a quelques jours et c’est frustrant. » Une décision prise apparemment par le cocréateur du blog.
Pour les parents de Stéphane, par ailleurs délégué de classe et membre du conseil
municipal des jeunes de Bry, l’enquête de police est disproportionnée. « Que fait-on du droit d’expression ? s’insurge son père. Ces deux adolescents ont simplement voulu s’impliquer dans la vie
citoyenne, ouvrir le débat sur les réformes de l’Education. Maintenant, on leur demande de s’écraser, de ne pas faire de vagues, c’est inacceptable. » Les parents vont engager des démarches pour
savoir si leur fils sera fiché dans une quelconque base de données policières.
Johan Ankri a écrit à plusieurs parlementaires et au ministère de l’Intérieur
pour « faire part de son indignation devant ce comportement de l’Etat, qui constitue une atteinte à la liberté d’opinion et au droit d’expression. »
Contacté, le ministère de l’Intérieur n’a pas apporté de précisions sur cette affaire. Stéphane va poursuivre son engagement citoyen au sein du conseil municipal des jeunes de Bry. « La leçon
que j’ai retenue de cette histoire, c’est : Tais-toi quand tu parles. »
* Le prénom a été changé.
sources : HYPERLINK "http://resistance94.over-blog.com/article-29027634.html
Le Parisien
Publié par sauvons l'école
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