Magazine Société
"Il faut moraliser le capitalisme!" J'ai entendu cet élan responsable en Europe et aux Etats-Unis il n'y a pas longtemps il me semble. Oui, tout le monde est d'accord mais les mots ne remplaceront jamais les actes. L'ancien champion mondial de l'assurance AIG va verser cette année 450 millions de bonus aux responsables de ses activités financières notamment londoniens qui sont à l'origine de l'effondrement de l'assureur américain. Ca me rappelle le coup de gueule de Christophe sur RMC à propos des banques.
Et alors?
En 2008, AIG a accusé une perte de plus de 100 milliards de dollars.
Et alors?
Il ne faut pas oublier que AIG est sous perfusion économique de 175 milliards d'aide publique américaine.
Et alors?
Grâce à son sauvetage AIG a donné plus de 90 milliards de dollars aux BNP Paribas, Calyon, Barclays et la Société Générale, cette dernière qui aurait perdu 11,9 milliards de dollars, si AIG avait fait faillite (La France a aidé les banques françaises qui avaient, d'après elles, perdu énormément d'argent).
Vous commencez à sentir un truc qui vous gêne sur votre chaise? Rassurez vous, ce n'est qu'un début.
Vous allez me dire "je croyais que les Etats surveilleraient les fonds publics donnés aux banques ?". C'est ici qu'intervient la morale de l'histoire.
Lawrence Summers, le principal conseiller économique de la Maison-Blanche, a jugé les bonus d'AIG "SCANDALEUX" tout en disant "malheureusement nous sommes impuissants face à cela car nous sommes dans un Etat de droit et même si c'est scandaleux, nous ne pouvons pas casser des contrats existants".
Sentez vous une quelconque morale du capitalisme ou une partie de votre anatomie s'agrandir douloureusement ? Sans vouloir tomber dans le discours anticapitaliste qui a le don de m'agacer légèrement par moment, j'ai juste envie de dire qu'il est impossible de moraliser le capitalisme tant que le monde continuera d'être dirigé par l'économie et non par la politique (et encore).