Alors que la concertation publique commence ce lundi, Christian Estrosi fait le forcing pour convaincre les Niçois que la ligne de tramway Est-Ouest ne peut passer ailleurs qu’en bord de mer.
Créer une ligne de tramway pour relier l’ouest de Nice à son centre-ville est décidément une source de tensions. Au début des années 2000 il en était déjà question, mais Jacques Peyrat lui a finalement préféré le tracé nord/sud/est de l’actuelle ligne 1, avec les tourments que l’on sait. Aujourd’hui, le nouveau maire joue sur les mauvais souvenirs qu’ont laissé ces 4 ans de travaux dans l’esprit des Niçois pour les convaincre que la ligne 2 doit passer sur la Promenade-des-Anglais. Un choix qui n’a pourtant rien d’évident.
Il y a 2 ans, une concertation a déjà eu lieu. Le tracé par la Prom avait alors été écarté pour 4 raisons :
- l’impact sur les manifestations touristiques
- l’impact durant la phase chantier
- la nécessité d’intervenir sur la place Masséna
- la desserte population/emploi réduite car le tracé est excentré.
Cette dernière raison est la plus essentielle. Selon les études réalisées à l’époque, le tracé par l’avenue de la Californie desservirait 107 000 personnes tandis que celui par la Prom n’en concernerait que 84 000.
En juin dernier Christian Estrosi, qui venait d’être élu, a créé la surprise en annonçant que la ligne 2 empruntera la Prom. Les élections étaient passées par là et le projet Peyrat paraissait bien loin. Le tramway circulerait donc avec vue sur la mer dès l’été 2013. Une « aberration » selon un ancien membre de la mission tramway, qui a participé à la construction de la ligne 1 : le bassin desservi par ce tracé, « c’est pour 50% des poissons ! » Pour certains hôteliers, dont la propriétaire du Negresco, il n’est pas question de subir plusieurs années de travaux (2 à 3 ans). Et chez les taxis, on commence aussi à grogner.
Patrick Allemand reste incroyablement prudent
A gauche, Patrick Allemand cherche à fédérer ces mécontents issus, pour beaucoup d’entre eux, du camps de l’UMP. Un de ses amis vient de lancer sur Facebook le groupe « Tram à NICE : OUI à la ligne 2. NON au passage par la Promenade des Anglais » : près de 900 personnes l’ont déjà rejoint. Pour autant, le leader socialiste reste incroyablement prudent. Refusant de dire clairement qu’il est contre le tram sur la Prom, il se contente de réclamer une vraie concertation publique.
Il faut dire qu’en face, le rouleau compresseur de la communication estrosienne s’est mis en route. Le Tuyo s’est déjà fait l’écho de la campagne choc qui inonde la presse locale et les panneaux Decaux. Ces affiches, très agressives au regard de la communication habituelle des collectivités locales, se révèlent avoir été imaginées à la hâte. Les « visuels » choisis renvoient finalement aux images les plus cauchemardesques des travaux de la ligne 1. Les slogans évoquent « 5 ans de chantier » alors qu’ils ont duré de 2003 à 2007, c’est-à-dire 4 ans. Ces derniers jours, on a même vu l’intitulé de la concertation publique naviguer entre une obscure « requalification de la Promenade-des-Anglais » et carrément « les futures lignes du tramway Nice Côte d’Azur »…
Une fois n’est pas coutume, la machine à communiquer cafouille sévère. Et 9 mois après avoir affirmé que le tramway passerait sur la Prom, c’est le branle-bas de combat en mairie pour convaincre des Niçois septiques.