Le mélange de vins rouges et blancs pourrait être autorisé dans l'Union européenne. Une hérésie, estime-t-on en Provence.
Voilà plus de trente ans que Philippe Pouchin élabore son rosé à partir de grains de raisins noirs, conformément à la tradition provençale. Des caves du domaine de Château Bas, sur les coteaux d'Aix-en-Provence, sortent chaque année des milliers de bouteilles d'un vin délicat, aux arômes vifs de fleurs blanches, d'agrumes et de poires. «Ici, on ne bidouille pas en mélangeant des vins rouges avec des blancs, s'insurge ce viticulteur. On va chercher la couleur et les arômes sur la peau, après une macération de quelques minutes à quelques heures. C'est la manière la plus noble et la plus élégante de faire du rosé.»
Depuis que la commission européenne a annoncé son intention d'autoriser le mélange de vin rouge et de vin blanc pour produire du rosé, les viticulteurs français sont en ébullition. La pratique œnologique du «coupage», très contestée au pays des grands crus, était jusqu'à présent interdite en Europe pour les vins de table. En France, seuls les champagnes rosés sont produits selon ce procédé.
Pourtant, «de nombreux pays dans le monde utilisent cette technique, qui est reconnue par l'Organisation internationale…