De couleur rose bonbon, impossible de les rater. Les nouveaux taxis pour femmes de la capitale libanaise auront sûrement de quoi rassurer les passagères saoudiennes, drapées dans leur voile noir, et toujours préoccupées par le regard des hommes. D'ailleurs, l'initiative est soutenue par le Ministère du tourisme libanais qui y voit une belle occasion de chouchouter les riches touristes venant d'Arabie saoudite.
L'idée ne fait pourtant pas l'unanimité. « Cette démarche est commerciale, mais absurde du point de vue du droit des femmes », s'insurge Yara Harakeh, jeune libanaise de 23 ans, dont on retrouve l'intégralité des commentaires sur le site de France 24.
Dans les pages du quotidien Le Monde, Robert Solé s'interroge, lui aussi, sur le bien fondé d'un tel projet : « Tôt ou tard, on s'apercevra de la nécessité d'interdire aux hommes l'accès de certaines rues ou de quartiers entiers. Autant le dire tout de suite : ce ne sera pas assez. Des murs de quelle hauteur faudrait-il construire pour qu'Adam et Eve respirent chacun un air différent ? », constate-t-il. Pour lui, « la moitié de la société libanaise subit l'influence croissante des monarchies pétrolières ou de l'Iran, pour entrer résolument dans le XXIe siècle à reculons ».
Il est vrai que la République islamique d'Iran est l'un des premiers pays à avoir lancé des taxis pour femmes. Là bas, ils sont verts. Dans l'Iran post-révolutionnaire, la ségrégation entre les sexes, encouragée par les autorités, ne cesse de se renforcer. L'année dernière, un parc exclusivement réservé aux femmes a été inauguré. Et pas plus tard que la semaine dernière, on apprenait que les vendeurs n'étaient plus autorisés à travailler dans des boutiques de vêtements féminins...
Pour d'autres, ces nouveaux taxis roses peuvent servir de garantie sécuritaire. D'ailleurs, les pays musulmans sont loin d'avoir le monopole sur ce concept. C'est en Grande-Bretagne que les « Pink Ladies Cabs » ont fait leur apparition, il y a plus de trois ans. Un projet lancé, à l'époque, par deux mères de famille préoccupées par la sécurité de leurs filles adolescentes, surtout le soir et la nuit. Un vrai succès. En moins d'un an, 10 000 femmes seraient devenues membres.
(crédit photo : AFP)
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