La conférence Le Mobile 2.0 s’est terminée ce mercredi 12 à Paris. Ouverte sur un contexte de crise financière à travers le monde, sur le fait que les plus petits ont le plus de mal, elle s’est terminée sur une note optimiste avec l’élection des meilleures start-up du Zapping Mobile 2.0
Dans le programme de cette conférence, une table ronde a particulièrement attiré notre attention : iPhone vs Androïd. Le terminal Apple a une réussite reconnue et insolente. Le système d’exploitation Androïd a un démarrage lent mais qui inquiète ou enthousiasme les acteurs du marché mobile. Ces deux lutteurs ont une approche très différente.
Apple, d’abord, a une approche de système fermé et complètement maitrisée par les équipes de Cupertino. Cela leur permet d’avoir une maitrise complète sur le matériel, l’OS et les services qui tournent autour. Cela offre une grande cohérence et une force de frappe marketing importante. La grande force d’Apple est justement de vendre le terminal que les gens veulent sans céder à la course aux fonctionnalités. Il en découle que l’adoption est massive et que les ventes se portent assez bien (11 millions de terminaux vendus dans le monde en 18 mois). Cette maitrise complète fait grincer quelques dents (développeurs, utilisateurs, …) mais fait preuve de réussite.
Google, de son coté, a compris que le mobile sera le moyen de faire tourner la machine à cash qu’est Adsense. Quel est le meilleur moyen d’être intégré par défaut au cœur des mobiles et au plus près des utilisateurs ? La réponse est simple, en fournissant un système d’exploitation gratuit et ouvert. Les équipes qui font cet OS sont donc employées en investissement pur. Mais quel investissement ! Il va permettre à Google de passer outre beaucoup d’acteurs du marché. C’est une des raisons pour lesquelles la disponibilité est encore faible. En effet, les constructeurs, sauf les nouveaux entrants comme Kogan, doivent intégrer ce nouvel OS. Ce n’est pas sans conséquences sur leur organisation interne. Les équipes R&D qui jusqu’à présent avaient une maitrise complète des systèmes et un savoir faire maison doivent réapprendre beaucoup (LG, Samsung, …). Du coté des opérateurs, l’absence d’accès direct à leurs plateformes gène beaucoup. Leurs services à valeur ajoutée ne sont pas utilisés par défaut. Google et sa multitude de service les transforme peu ou prou en des fournisseurs de tuyau mobile. Aïe … Les constructeurs vont toutefois continuer les customisation pour les opérateurs (parfois via des sociétés spécialisées comme Digital Airways).
Les approches sont donc différentes. En termes de facilité de développement d’abord. Apple fourni un SDK où la plateforme MAC est nécessaire ainsi que la connaissance d’un langage spécifique : X-code. Ce n’est pas un souci pour les développeurs expérimentés mais un point de ralentissement pour les débutants. Androïd a tout basé sur le langage Java qui est largement disponible et appris dans les écoles. Apple se réserve le droit d’accepter ou refuser des applications là ou Google acceptera,à priori, tout ce que les développeurs soumettront.
Apple produit les terminaux qui seront donc peu nombreux. Androïd est fourni aux constructeurs pour intégration. Ceci apportera forcément de la fragmentation mais touchera potentiellement beaucoup plus de terminaux et par conséquent d’utilisateurs. Qui dit plus d’utilisateurs, dit plus de sources de revenu AdSense.
Nous étions convaincus que le système Androïd allait être un acteur majeur d’avenir (un rouleau compresseur qui avance lentement mais indéniablement), certains le qualifient de “Cheval de Troie”. Philippe Silberzahn (Digital Airways) prédit que son adoption va être massive et difficilement contrôlable. La comparaison remonte en 1984 au match MS-DOS vs MAC OS. L’histoire nous dira si elle n’est qu’un perpétuel recommencement. Deux questions toutefois pour conclure : que fera un utilisateur avec un téléphone Androïd si sa vie n’est pas encore sur Google (Gmail, Gtalk, Lattitude, Blogger, Youtube, …) ? A-t-il besoin d’un tel terminal ?
image : theiphoneblog.com