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Le chant du cygne de Rachida Dati

Publié le 16 mars 2009 par Hmoreigne

 Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il ne faut pas exister médiatiquement. Promise à un exil européen, sous réserve de siéger effectivement, Rachida Dati, créature politique créée ex-nihilo par Nicolas Sarkozy tente de se dessiner un avenir politique même loin de l’aile protectrice de son illustre mentor. Faute de fond politique, c’est par l’image qu’elle a choisi d’imposer sa présence.

Personne n’est dupe de la distribution des rôles dans ce qui a été habilement présenté comme la saga Rachida Dati. Rachida Dati pur produit d’un président de la république ultra-médiatique est à la politique ce que la star académy est à la chanson française. Issue d’un casting très réussi au niveau de la plastique et du parcours, la ministre de la justice est certes un bon soldat, fidèle exécutant mais pas un officier supérieur d’Etat major.

Les observateurs avertis mais aussi les professionnels de la justice ont vite saisi que si Rachida Dati présentait l’apparence du pouvoir, celui-ci était en fait dans un bureau plus discret, à l’Elysée. Sur la porte, un nom totalement inconnu du grand public : Patrick Ouart, conseiller justice de Nicolas Sarkozy.

Lassé des faiblesses de son ex-protégée, accusée même d’incompétence, et de son côté envahissant, Nicolas Sarkozy a choisi de s’en séparer. Mais, comme à la Star Ac, Rachida Dati tente de sauver sa tête par le vote du public. La jeune femme s’est attachée les services très onéreux d’Anne Méaux, grande prêtresse de la communication politique depuis trente ans. Une rumeur insistante persifle que le contrat mirifique serait honoré par le ministère de la justice ce que dément la communicante et le cabinet de la ministre.

Si on ne sait pas qui règle la facture, force est de constater que le résultat est à la hauteur. “Une” de Gala, une invitation au JT de France 2, une interview au Journal Du Dimanche, un sujet dans 50 minutes inside (TF1) et enfin, cerise sur le gâteau, une participation à l’émission Vie privée, vie publique de Mireille Dumas. Et tout ça pour dire quoi ? Rien de politique mais d’insipides bavardages people.

Tout ce battage agace un peu du côté de l’Elysée. Il semblerait d’ailleurs que le château ait mis son véto sur la venue la Garde des Sceaux au JT de TF1 qui,  du coup, se serait repliée sur France 2.

Tout comme la créature du Dr Victor Frankenstein, Rachida Dati échappe au contrôle de Nicolas Sarkozy. La belle, grand sourire à l’appui, fait de la résistance. Jusqu’à la dernière seconde, elle restera cramponnée à son bureau de la place Vendôme. Crânement elle affiche ce qu’elle n’a pas vraiment : la possibilité de décider elle-même du moment où elle devra partir.

Consciente de présenter une image troublée notamment par le livre « Belle Amie », de Michaël Darmon et Yves Derai, Rachida Dati n’a plus qu’une obsession : démontrer qu’à l’inverse des propos malveillants tenus à son égard, elle est une bosseuse et pas une intrigante.

Sur le terrain judiciaire pourtant, le parcours reste chaotique. Dernièrement les sénateurs ont adopté contre son gré le principe de l’encellulement individuel et la diminution du délai maximal de placement en cellule disciplinaire. Ce coup de vent est annonceur de tempêtes, début mai avec le vote définitif de la loi pénitentiaire qui prévoit la suppression du juge d’instruction voulue par le chef de l’Etat.

L’important n’est pas la polémique mais l’occupation du terrain médiatique. Faire le buzz, coûte que coûte. Et la semaine commence fort avec l’inauguration, ce lundi, d’un nouveau centre éducatif fermé pour mineurs délinquants à Sainte-Ménehould (Marne). L’occasion d’évoquer les grandes lignes du projet de loi sur la justice des mineurs et notamment l’âge minimum d’incarcération.


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