Question mortelle : la France constate-t-elle un excédent de parution, et les ouvrages sont-ils vendus trop cher ? Durant cette conférence mortelle - pas d'ennui - mais uniquement réservée aux professionnels, les intervenants comme les animateurs avaient une lourde responsabilité.
Mathieu de Montchalin (librairie L'Armitière à Rouen), Marion Mazauric (éditions Au diable Vauvert), Anne Delaplace (enseignante, ancienne membre du jury du prix du livre Inter) et Olivier Bétourné (directeur général d'Albin Michel) ont ainsi été assaillis par Philippe Delaroche (magazine Lire) et Daniel Martin (La Montagne, France Culture).
Sauf que le problème n'est pas de savoir si l'on publie trop, mais plutôt qui placerait la limite indiquant ce qui est justement trop. De fait, c'est avant tout la librairie qui décidera du sort des livres parus. De toute manière, la production est conforme à la logique des « sociétés ouvertes », comme le rappellera Olivier Bétourné. Si les mastodontes de l'édition ont réduit leur rythme entre 2007 et 2008, c'est également le problème de la rotation rapide qui a été corrigé.
Du reste, peut-on parler de la qualité de ce qui est proposé au public ? Pour l'éditrice du Diable Vauvert, c'est hors de question : elle aime ce qu'elle publie, selon ses critères. Qui ne sont pas partagés ? Oui, et ? Alors faut-il blâmer dans ce cas les best-sellers ? Ou doit-on reprocher à Amélie Nothomb de nuire à François Bon ? Pas plus. L'effet de masse, évoqué par Olivier Bétourné n'a que des avantages.
On comprendra cependant que l'excès de nouveauté angoisse les lecteurs, et que les journalistes redoutent les rentrées littéraires. Mais si, pour Anne Delaplace, cela conduit à se tourner vers la littérature classique, finalement, est-ce un mal ?
Et pour ce qui est du prix ? Certes, plus de 5 € commence à être cher pour certains, mais quand on sait précisément ce que l'on veut, on n'hésitera pas. Du reste, s'il s'agit juste de déambuler dans une librairie, alors la question du Poche se pose. Reste que le livre a un prix et que la gratuité à tout va, symptôme de l'époque peut fausser notre vision. De toute manière, Marion Mazauric tranche : un lecteur est prêt à payer pour l'auteur qu'il aime.