Matthieu Burgard
(Agence Science-Presse) - Chaque année aux Philippines, des hommes sont crucifiés de plein gré le Vendredi saint pour commémorer la passion du Christ. Plusieurs études scientifiques ont démontré que la foi diminue la sensibilité à la douleur lors de telles expériences, mais les mécanismes qui sous-tendent ce phénomène restaient peu clairs jusqu’à aujourd’hui.
Pour la première fois, des scientifiques de l’Université d’Oxford expliquent dans le journal Pain que la perception de la douleur lors d’une expérience religieuse est reliée à l’activation du cortex ventrolatéral préfontal droit. Cette aire du cerveau joue un rôle dans la régulation de la douleur en associant des émotions et un sens positif aux évènements rendant ainsi la souffrance plus supportable.
La foi comme analgésique
Pour en arriver à ces conclusions, l’équipe de chercheurs a exposé 12 catholiques pratiquants et 12 athées à des décharges électriques alors qu’on leur présentait des images religieuses ou laïques. Les images choisies étaient esthétiquement similaires et la sensibilité des patients à la douleur identique. L’enregistrement par imagerie par résonance magnétique de l’activité cérébrale des participants n’a démontré une activation du cortex que chez les croyants à qui l’on présentait une image religieuse. Ils exprimaient également des commentaires d’apaisement et de tranquillité en présence de l’icône sacrée.
Les chercheurs indiquent néanmoins que d’autres images agréables peuvent affecter la perception de la douleur. Cette découverte, qui montre comment le cerveau et les émotions peuvent influer sur le bien-être physique, pourrait donner lieu à de nouveaux traitements des douleurs chroniques en induisant un état émotionnel proche de celui produit lors d’une expérience religieuse.