Tout commence, mardi, par des crêpes, des Français et des Japonais (tiens, quel bon titre de pièce de théâtre, haha). Mélanie, alias vieille fontaine pourrie - c'est l'équivalent de son nom en japonais, ce n'est pas sa faute -, nous invite à une soirée crêperie au Repaire du Lion. Une soirée fantastique, parmi les plus belles que j'aie passée depuis mon arrivée, sous le signe du multiculturalisme. En effet, Français, Québécois et Japonais sont à la même table, échangeant parfois en anglais, d'autres en japonais ou en français. Le sentiment que j'avais se confirme : je reconnais un peu en eux mes amis québécois, je retrouve de leur générosité et de leur folie. C'est bien, on se sent chez soi.
Le menu incite à revenir plusieurs fois : impossible de faire un choix parmi toutes les succulentes options de crêpes salées et sucrées. Je finis quand même par me décider et choisie une crêpe aux œufs et champignons, suivie d'une crêpe dessert métisse au chocolat blanc et noir. Je rigole bien en voyant l'œuf miroir dans ma crêpe-repas, mais je me régale. Bien que le sirop d'érable me manque, ma crêpe dessert n'a rien à envier à la crêpe typiquement québécoise en débordant. Après le repas, ce n'est pas terminé. Alors que d'un côté de la table l'on tente de faire dire "anticonstitutionnellement" ou encore "Les chemises de l'archiduchesse sont-elles sèches ou archi-sèche?" aux Japonaises, l'autre côté est en pleine tâche de traduction des noms français en japonais. J'apprends ainsi que les Japonaises, après beaucoup de pratique, peuvent réciter des phrases que nous n'arrivons même pas nous-mêmes à prononcer correctement, et que mon nom en japonais signifie "démon magique immortel". Je suis ravi - car je me rappelle la signification du nom de Mélanie -, mais je n'ai pas le plus poétique des surnoms. En effet, Lucie mérite le nom d'une pierre précieuse, le lapis-lazuli, et Sabrina celui de "village vert qui danse dans le sable".
Jeudi, je fais quelque chose que je n'ai pas fait depuis des années : patiner. C'est Étienne, qui travaille également au PC2A, qui m'invite à venir avec lui et ses amis à la patinoire de Lille. Les attentes sont grandes envers les Québécois, j'ai l'impression que, selon les Français, nous devrions normalement pouvoir faire du patin artistique sans problème. Or, nous savons, nous, que ce n'est pas le cas. La première tentative est plutôt désastreuse : mes jambes sont comme des flageolets dans la poêle et je peine à avancer. Mes patins sont beaucoup trop grands, alors je vais les échanger. Les autres tentatives sont beaucoup plus efficaces, mais je tomberai quand même deux fois pendant la soirée, dont l'une plutôt douloureuse. Reste que je me suis amusé tel un enfant et que j'ai pris conscience que j'étais en train de réaliser mon rêve de vivre en Europe pendant plusieurs mois. Aller à la patinoire, tu ne fais pas ça en voyage, tu le fais lorsque tu habites en un lieu pour un très bon moment. De là mon titre : je vivais Lille, je vivais À Lille. Cette soirée est très significative à mes yeux et elle marque une nouvelle étape de mon séjour ici, celle du citoyen Lillois (peut-être pas légalement, mais dans ma tête c'est le cas).
Je vous raconte tout cela et j'ai du mal à croire que je suis bien cette personne de qui je parle. Pourtant, c'est bien moi, moi qui suis tombé sur le derrière à la patinoire, moi qui me suis régalé de crêpes, de musiques, de voix et de feux d'artifice. Je le trouve tellement chanceux ce Québécois, je me trouve si gâté. Je vis les plus beaux moments de ma vie, et je ne veux en laisser filer aucun.
Je vous laisse sur d'autres photos et sur un petit montage vidéo rapide de Lille 3000. Comme prévu, le weekend prochain, c'est Cologne qui nous verra marcher dans ses rues.
P.S. : J'aimerais remercier Mélanie et Étienne pour leur invitation. Et aussi l'AMEL (Association Marocaine Étudiante de Lille) pour avoir organisé la sortie culturelle Vimy-Lewarde. Je me suis bien amusé cette semaine grâce à vous!
P.S.2 : Puisque je suis totalement naze, je n'ai pas de photos de la soirée à la crêperie ou de celle à la patinoire, pour cause d'oublie de l'appareil photographique. Vous avez le droit de me lancer des pierres, je me lapide déjà moi-même.
P.S.3 : Merci aussi à JimmyBoy et à Liza pour leur cadeau envoyé par la poste! Ça ne paraît peut-être pas comme ça, mais ça fait chaud au coeur. JobinBoy est heureux ici, il vous dit bonjour. :P
Encore des photos
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Dans le texte
(1) La Grand' Place de Lille quelques minutes avant la grande parade d'ouverture de Lille 3000... divin!
(2) Photo (pas prise par moi) de la crêperie.
(3) Photo (pas prise par moi) de l'intérieur de la crêperie.
(4) Les tranchés canadiennes de Vimy.
(5) Centre historique minier Lewarde.
(6) Un géant de lumière! Mais vraiment géant, une marionnette en plus!
(7) La façade du bâtiment de la Voix du Nord transformée en chorale grandiose. La plus belle façon de rendre magique la Grand' Place!
(8) L'opéra illuminé par une boule disco géante... j'aurais voulu rester là toute la nuit tellement j'étais bouche-bée...
Section "Encore des photos"
(1) Les ravages des tirs d'obus et des mines lors de la bataille de Vimy s'étant passée du 9 au 12 avril 1917.
(2) La seule fois où je photographierai le drapeau canadien sans avoir mal au cœur... C'est quand même bizarre de le voir en France.
(3) Le mémorial canadien, monument en mémoire des 3598 canadiens tombés lors de la bataille de Vimy.
(4) La salle des pendus, où les mineurs pendaient leurs vêtements après une dure journée de travail.
(5) Daniel, notre guide ch'ti qui parlait, évidemment, le ch'timi et dont on comprenait que la moitié de ce qu'il disait.
(6) De retour de notre petite sortie en bus, nous découvrons une Lille transformée pour la grande fête de Lille 3000, Europe XXL!
(7) Un filet de corps humains suspendu au dessus de la Grand' Place.
(8) Comme si de transformer cette façade en chorale n'était pas suffisant, voilà qu'elle devient une œuvre d'art!