Après "Je vais bien ne t'en fais pas" et sa vision juste du deuil et de la mort, Philippe Lioret met les pieds dans le plat avec un film intense sur un sujet très peu traité : les réfugiés et ceux qui les aident.
Avec subtilité, rythme lent, mesuré, dialogues francs et réalistes, le film nous plonge dans la vie d'un maître nageur et d'un réfugié kurde, qui n'auraient pas du se croiser et pourtant...
Ce film n'est pas juste un film, c'est clairement un pamphlet et une dénonciation de ce qu'il se passe à Calais et dans sa région, de notre façon de tourner la tête pour refuser de voir et de l'ignominie des méthodes employées pour se débarasser de ceux que l'on appelle des "clandestins". Et surtout de la criminalisation inadmissible de ceux qui aident les réfugiés. Comme si faire preuve d'humanité devenait le pire des délits.
Lioret espère réveiller les conscience avec son film et je pense qu'il peut y parvenir. A condition que le spectateur ne refuse pas de se voir au travers du prisme offert à l'écran. Certains diront que c'est trop de sentiments. Pour quoi, quand on parle d'humain, rien ne compte plus que le sentiment...
Vincent Lindon et Firat Ayverdit forment un duo exceptionnel. La justesse de leurs rapports est bluffant. Sans que nous nous y attendions le film tourne quasiment au documentaire sur la vie des protagonistes.
Vraiment ne loupez pas ce film. Il mérite une place de cinéma et surtout une place dans vos discussions !