Aussi, les organisateurs de ce rendez-vous annuel dans cette charmante bourgade suisse se fixent comme objectif ambitieux en 2009 de “dessiner le monde de l’après-crise” (voilà un intitulé très chic, n’est-ce-pas ? ).
Projet quelque peu démesuré que nous devrions confier les yeux fermés à ces milliers d’économistes, chefs d’entreprises, banquiers et autres hommes politiques qui seront présents là-haut dans la montagne ?
Sont-ils réellement les mieux placés pour nous donner des leçons d’art graphique ?
Pas sûr. La preuve ?
Ce sont eux qui, l’année dernière, nous expliquaient que le baril de pétrole atteindrait bientôt les 200 dollars (ah zut ! Il vient de passer sous le seuil des 40 dollars).
Ce sont les mêmes qui, très convaincants, nous assuraient qu’une réédition de la crise de 1929 était impossible grâce aux progrès de l’analyse économique, aux nouvelles équations mathématiques et aux instruments de correction qui en interdisent le retour. (flûte ! On s’en approche).
Toujours les mêmes qui nous affirmaient doctement que le keynésianisme était une vieillerie et l’intervention de l’Etat un obstacle à la croissance. (arghhh ! Aujourd’hui on nationalise à tour de bras et les Etats industriels multiplient les plans de soutien à l’économie).
C’est Jean-Marie Messier et tous ses amis, celui-là même qui a ruiné Vivendi-Universal et ses nombreux actionnaires, qui revient, depuis un mois, invité dans toutes les émissions ou chroniques économiques pour nous expliquer via son roman livre que les stocks-options sont une menace, que la finance est fautive et injuste, que les paradis fiscaux sont un pêché.
Encore lui qui décrit ce que doit être le patron sauveur de l’économie mondiale alors qu’il a ruiné l’image des chefs d’entreprise par ses frasques : aménagement d’un Airbus A-319 pour son confort personnel, acquisition d’un hélicoptère pour rejoindre le coeur de Manhattan, débauchage d’un chef pour ses déjeuners fins arrosés de crus exceptionnels, vacances aux Bahamas, sans parler de l’appartement de Park Avenue, à New York, d’une valeur de 17,5 millions de dollars décoré par Jean- Michel Wilmotte pour plus de 4 millions de dollars…
Et enfin, ce sont ces banquiers qui ont tout compris de la misère et de la pauvreté dans le monde et qui, pour certains, dans un geste d’immense bonté ont renoncé (de façon quasi-spontanée) à leurs primes de fin d’année, se contentant d’un salaire de quelques millions d’euros.
Bref il ne manque qu’Elisabeth Teissier et ses fameuses prévisions astrologiques et bientôt tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes redessiné en noir et blanc à l’image de l’ancien avec, nous, pauvres moutons se laissant tondre la laine sur le dos (ouf le titre est justifié ! ).