Ma copine étant une grande amatrice de danse classique et contemporaine, je lui avais acheté des billets pour le Marco Polo de Pietragalla samedi soir au Palais des Congres de Paris. C'était également un plaisir pour moi d'y aller, ayant été littéralement bluffé par le spectacle Conditions humaines que nous avions vu au Palais de Sports en 2007: une évocation sombre, puissante et terriblement humaine de la vie des mineurs.
Pour Marco Polo, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. J'avais uniquement vu l'affiche et son look manga mais je n'avais lu aucune critique ni description. M'attendant donc à un simple ballet contemporain, la surprise a été de taille. Car Marco Polo est très différent d'un ballet ou même de ce qu'a pu faire Pietragalla auparavant. Qualifié de manga dansé, selon la propre formule de Pietragalla, cette superproduction réunit les très belles animation manga du studio Chrysoïd, le chant lyrique d'Adèle Carlier, de la chinoise Shin Shin Wang, et du très impressionant Salar Aghili, et bien sûr la danse, mais une danse qui unit danse contemporaine, hip hop, capoera et arts martiaux. La prouesse des danseurs est exceptionnelle, avec à leur tête Marie-Claude Pietragalla et surtout son compagnon Julien Derouault qui incarne Marco Polo.
Le périple de Marco Polo a duré trois ans, traversant l'Iran, l'Afghanistan d'aujourd'hui, le désert de Gobi pour s'achever à Pekin en 1275. Il ne faut pas voir dans ce spectacle une reconstitution historique, mais une évocation onirique de son voyage, qu'il soit dans le passé ou transposé dans un futur imaginaire: Marco Polo, bandé des pieds à la tête, commence son périple dans un monde sous-marin semblable à l'Atlantide, avant de naviguer vers les côtes africaines. Echoué à la suite d'une tempête, il rencontre les tribus locales avant de traverser le désert destination la Chine. Il y rencontrera alors l'empereur chinois. On notera d'ailleurs ici une petite erreur historique car Marco Polo a travaillé pour l'Empereur Mongol Kūbilaï, tandis que le spectacle met en scène l'empereur Qinshihuang et ses chevaliers de terre cuite (mort en -210 av JC !). Le voyage s'achève ici... avant de reprendre après l'entracte dans un monde futuriste à la croisée entre le Tokyo dévasté d'Akira et le monde de Mad Max. Une ballerine y est perdue au milieu d'une bande de voyous (clin d'oeil à la carrière de danseuse étoile de Pietragalla ?). La musique d'Armand Amar est également remplacée par des musiques contemporaines avec les groupes Prodigy et Chemical Brothers. Métamorphosés, les danseurs se transforment tous en robots pour une danse assez hallucinante. Le final se conclut ensuite entre Julien Derouault et Marie-Claude Pietragalla, un pur moment de magie...
C'est parfois kitch, surtout avec ces costumes à l'esthétique très 80's (il faut être fan de robe en lamé !) mais on ne peut qu'apprécier l'énorme talent de la troupe de Pietragalla.
Après une tournée en Chine, les représentations sont terminées sur Paris mais Marco Polo sera joué les 20 et 21 avril à Genève. Ne le manquez pas !