C'est un portrait original sur la jeunesse chinoise qui, de nos jours, se heurte à affirmer son individualisme et son désir de fortune dans une société dressée à penser collectif. Fenfang ne fait pas exception à la règle, elle s'est échappée de sa campagne car elle ne voulait pas finir plouc, mais dans la mégalopole chinoise, elle découve aussi son lot de misères. C'est ainsi que la jeune femme appréhende la notion abstraite de la solitude, et plus le temps passe et plus elle va se sentir démoralisée et abattue. Pourtant le roman ne sombre pas dans la morosité, le spleen n'empiète pas sur la lecture, sans pour autant affirmer qu'il y règne une pleine allégresse.
Xiaolu Guo est brillante, son Petit dictionnaire chinois-anglais pour amants avait été une révélation, un mélange d'humour et de réflexion sur la complexité culturelle et émotionnelle entre l'orient et l'occident. Ses Vingt fragments d'une jeunesse vorace laissent entrevoir une nouvelle génération pleine de contradictions, à l'image de Fenchang, intelligente et belle, mais qui comprend que son pays ne sait pas ce qu'est le romantisme alors qu'il revendique la communion d'esprit et le culte patriotique. C'est différent, mais intéressant. Et cette fois, la langue est moins tarabiscotée, c'est simple, limpide et évident.
Le mantra du jour : « Le café bien chaud, c'est comme un homme à 37°2. Ça vous donne le courage d'affronter la journée. »
Buchet Chastel, 2009 - 185 pages - 17€
traduit de l'anglais (Chine) par Karine Lalechère