Repas avec quelques commensaux habituels, des amis sincères que j’aime retrouver et qui, en même temps, me condamnent à cet apartheid intérieur qu’évoque Millet.
Discussion brève avec une jeune graphiste Parisienne pratiquant le noble art dans la même salle qu’ Alain Soral, ancien marxiste et éphémère théoricien du front national…
En général, le simple fait de prononcer en société ces mots – front national- suffit à éteindre brièvement toute discussion autour de soi comme, en d’autre temps, cela fût lorsque l’on évoquait l’existence du Malin.
Faisant l’éloge- au travers du pitre Soral- de la pensée radicale politique et de la salubrité de toute pensée déviante en ces temps de grégarisme intellectuel bien pensant, je comprenais à quel point il est difficile d’exister en dehors du troupeau. Mes amis me connaissent et ont intériorisé ma posture d’anarque, de « rebelle des premiers jours » comme on dit au politiclub, mais il règne autour de moi et de mes discours hérétiques et violents -au regard de cette pensée tiède qu’illustre si parfaitement le bourgeois progressiste Bayrou et sa pintade de Sarnez- une atmosphère étrange faite à la fois de considération et de haine : considération envers celui qui pense en dehors des clous et à rebours du politiquement correct, haine à l’égard de celui qui à le « courage » d’exprimer sa pensée, lorsqu’elle est déviante par rapport au mainstream culturel, mettant en relief sa propre soumission à ce dernier.
Rien de neuf sous le soleil, pensera-t-on. A raison.
J'évoquais récemment cet hygiénisme totalitaire qui déferle en Occident et qui fabrique à jet continu des journées du légume et autres festivités citoyennes abjectes. Or, de la même façon que cet hygiénisme physique interdit désormais de boire ou de fumer, il est un hygiénisme de la pensée qui discrédite automatiquement toute pensée non consensuelle, condamnant les presque zeks que nous sommes devenus à l'exil intérieur, à la double pensée, à la dissidence.
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