Une nouvelle fois Médiapart contribue à faire émerger une vérité qui tranche avec les déclarations officielles. Selon le site d’information en ligne, François Pérol, aurait perçu en 2006 pour près de 1,5 à 2 millions d’euros d’honoraires par Natixis, au titre de la préparation de la fusion de la Caisse nationale des Caisses d’épargne et des Banques populaires.
Faits à l’appui, Laurent Mauduit de Médiapart démontre que François Pérol contre un avis précédent de la Commission de déontologie de 2004 est intervenu, au nom d’intérêts privés, dans des dossiers qu’il a eu à gérer pour le compte de l’Etat lorsqu’il était conseiller ministériel à Bercy. Le fait de se trouver imposé par l’Elysée à la tête du nouveau groupe bancaire alors que comme “Monsieur économie” du staff présidentiel François Pérol a eu connaissance d’informations confidentielles sur les autres banques françaises, désormais concurrentes, prête le flanc à des critiques fondées.
Ça fait beaucoup. Il est évident que Nicolas Sarkozy et ses proches collaborateurs, Claude Guéant notamment, ne pouvaient ignorer ces éléments. Ils éclairent d’un nouveau jour l’attitude de Nicolas Sarkozy qui avait avancé devant les caméras, la main sur le coeur, que la commission de déontologie avait été saisie, ce qui n’était pas le cas, de la situation de M. Pérol. Ils donnent un relief particulier aux pratiques de l’Elysée quand il s’était agit de travestir une correspondance privée obtenue du président de la commission de déontologie en avis favorable de cette dernière.
Mais, Médiapart va plus loin évoquant la publication au journal officiel daté du 13 mars d’un décret présidentiel entérinant la démission de François Pérol de la fonction publique. Une solution technique simple et efficace qui écarte la possibilité de tout recours devant le Conseil d’Etat pour contester la nomination du fonctionnaire Pérol, alors en situation de disponibilité, à la tête du nouveau groupe bancaire.
Dans ce contexte, assimilable à une poutinisation rampante de l’exécutif, les libertés prises par l’Elysée avec la réalité sur les conditions du séjour privé des époux Sarkozy au Mexique ne surprennent pas.
Officiellement, le couple présidentiel était l’invité du président mexicain Felipe Calderón. Il est désormais acquis Nicolas Sarkozy et son épouse ont été hébergés deux nuits à l’hôtel El Tamarindo Beach and Golf Resort. Ce court séjour, préalable au voyage d’Etat qui commençait le lundi, a suscité une vive polémique au mexique où le contribuable, par voie de presse et propos de l’opposition, a manifesté son refus de payer une addition salée (6 800 € en frais directs mais 50 000 € avec les accessoires, sécurité notamment).
Sommé de s’expliquer, le gouvernement mexicain, mis dans l’embarras par la déclaration des autorités françaises, a donné un éclairage différent en précisant qu’«En marge de la visite d’Etat du président Sarkozy à l’invitation du président Calderon, un groupe d’entrepreneurs mexicains a mis à la disposition du président Sarkozy une résidence sur la côte de l’Etat de Jalisco pour la durée de son séjour précédent ses activités officielles».
En fait, le groupe d’entrepreneurs se réduirait essentiellement en la personne de Roberto Hernandez Ramirez, un milliardaire mexicain ami proche de Félipe Calderon, accessoirement suspecté d’être un narco-traficant…
Comme le relève Rue 89, “A chaque vacances privées du président, l’histoire se répète : Nicolas Sarkozy trouve toujours un moyen de se faire inviter aux frais de riches hôtes, en général milliardaires”.
Son de cloche différent du côté de l’UMP. Dans un communiqué, le député UMP Eric Raoult dénonce “la tentation voyeuriste” et la “dérive du trou de serrure”, à propos de la polémique sur le séjour mexicain du chef de l’Etat. “On peut s’opposer sans salir ses dirigeants, sans nuire à son pays. On peut certes être opposant, sans être bête et méchant”, écrit le parlementaire.
On peut être dirigeant sans être effrontément menteur a-t-on envie de lui répliquer. L’Élysée qui veut éteindre la polémique se borne à réaffirmer que Nicolas Sarkozy été “invité” par le président Félipe Calderon.