Harkis, synthèse sur les 47 années après 1962...

Publié le 15 mars 2009 par Harki45

Mesdames, Messieurs,

Je tiens à vous dire mon point de vue sur le débat des Gouvernements sur les rapatriés et plus particulièrement sur les harkis. Mon grand père a été le témoin direct d'une guerre qui, pendant de très nombreuses années, n'a pas dit son nom ( évènements, guerre, maintien de l’ordre… ). Il a été l'acteur impliqué, et parfois mal compris, après temps d’années il compris dans les années 80 que les efforts parlementaires n’ont pas été à la hauteur, d'abord pour reconnaître cet état « de guerre », ensuite pour offrir à nos concitoyens une date officielle de commémoration.

Permettez-moi tout d'abord de reconnaître, aujourd’hui, quelques timides avancées de la solidarité nationale en faveur des rapatriés. Tout d’abord, un engagement qui a pour but que de permettre à la nation tout entière d'exercer son devoir de mémoire à l'égard non seulement des morts et blessés du conflit algérien, mais aussi du traumatisme réel qu'a constitué l'exil des Français d'Algérie.

Permettez-moi tout d'abord de reconnaître une volonté de garantir la poursuite de la solidarité nationale en faveur des rapatriés et ceci grâce aux combats de certaines associations. La création de la mission interministérielle aux rapatriés, en juin 2002, même si celui-ci ne joue pas entièrement son rôle faute de moyens.

Ne soyons pas pessimistes, quelques efforts ont été développés : pour approfondir le devoir de mémoire, la création de la Journée nationale d'hommage aux harkis le 25 septembre, l'inauguration du Mémorial national de la guerre d'Algérie, quai Branly, ou le soutien apporté par le Gouvernement au Mémorial de l'oeuvre française d'outre-mer à « Marseille ». Mais des efforts restent à faire dans le domaine de la reconnaissance matérielle, la création de l'allocation de reconnaissance pour les harkis et leurs veuves n’ont pas été à la hauteur et même une entrave aux droits humains. La réactivation d'une initiative prise dans le cadre du plan « harki » qui ne reste qu’un droit à postuler.

En revanche, l'octroi d'un délai supplémentaire aux salariés rapatriés pour améliorer leur retraite complémentaire peut être considéré comme raisonnable.

Malheureusement, pour poursuivre le dialogue avec les rapatriés et préparer enfin l'avenir, l'installation du Haut Conseil des rapatriés n’a pas été démocratique et voir représentative de l’ensemble des rapatriés. Je ne dénigre pas les individus mais la façon dont le haut conseil a été élaboré. On peut dire, aujourd’hui un mal être de cet organe qui ne permet d’être objectif et ne rempli pas sa mission de bilan et de prospective sur les politiques conduites en faveur des rapatriés et l'inscription à l'ordre du jour des travaux de l'Assemblée d'un débat portant sur ce sujet.

Toutes ces actions, qui visent à conclure l'effort de solidarité nationale envers les rapatriés et à promouvoir un avenir serein entre les peuples ne méritent d'être saluées si on y met de la sincérité démocratique. Elles ne pourront être saluées pour ce qu'elles sont : si un effort sans précédent du Gouvernement dans le droit fil des engagements du Président pour améliorer la situation actuelle des rapatriés en général et de la communauté harkie en particulier, cette dernière continuant de payer un lourd tribut si l'on se réfère à la situation d'exclusion qui est trop souvent la sienne et celle de ses enfants.

Cela n’empêche que les harkis et leurs descendants ne doivent pas être déçus par le pays dont ils sont amoureux, c'est donc en faveur de cette communauté si fragilisée que doit converger un dernier geste de la solidarité nationale à l'heure où, selon un sondage récent, 68 % de la population estime que la France s'est mal comportée à l'égard des harkis après les accords d’Evian. Une attention toute particulière doit être accordée à loi du 23 février 2005, visant à améliorer le juste droit matériel des familles de harkis : capital d'amélioration des mesures spécifiques d'accompagnement au bénéfice des enfants ( Prêt à 0% pour l'accession à la propriété...).

C'est à ce jour que la France pourra enfin apporter un apaisement à la souffrance des familles. Cet engagement sera le fruit d’un lourd travail de mémoire envers ses enfants tombés lors de la guerre d'Algérie, mais aussi ses enfants déplacés, exilés, déracinés, meurtris, suite à ce conflit. La déchirure occasionnée est encore difficile à imaginer pour les jeunes générations qui n'ont pas vécu ce conflit. Perpétuer la mémoire au-delà des siècles est un devoir que la France doit honorer, et je ne peux que dire au Président de la d'apporter sa promesse à l'édifice.

Je terminerai en soulignant que le souvenir est certes essentiel, mais qu'il convient de clôturer un dernier effort en faveur de la réparation. Réparation pour le sang versé, réparation pour les racines perdues, pour une intégration forcée sur un sol inconnu, où aujourd'hui encore les regards sont méfiants…