Des tas de mots gambadent dans ma tête. Le son avec. Moments qui défilent.
Les grands voyageurs laissent dans le coeur des ardoises. C'est vrai.
Ils laissent à quatre pattes, aussi.
Comment lui en vouloir ? L'Asie coule à mes oreilles depuis hier et j'arpente le pavillon des lauriers, histoire de croiser Samuel Hall, de chuchoter, d'ici 2043, la réveillez pas, Madame Rêve.
Nous sommes tous locataires. Volontaires.
Je suis né un jour avec Bashung et Osez Joséphine. La première fois que j'ai entendu cette chanson, j'ai été scotché. Dans les mêmes eaux, il y a eu pour la compilation Urgences (contre le SIDA) et la reprise des Mots Bleus, de Christophe. Je fus conquis. Littéralement. Depuis, il est en moi. Vibrant.
Bashung, c'est une voix, un ton grave, velouté, des choses dites avec élégance, un son, aussi. Alliage parfait des mots qui font sens et qui font son, tout transcendant tout, ouvrant des brèches, crachant des falaises, disant au-delà d'eux-même. Ardue la montagne, aride le sommet, mais avide, la quête.
Et puis il y eut le long cours. Albums de famille. Chatterton, Fantaisie Militaire, L'imprudence, Le cantique des Cantique, Bleu Pétrole. Ils sont tous là. Ma petite entreprise. Je les écoute religieusement ce matin, l'un après l'autre, par ordre chronologique. Connaît pas la crise.
Envie et j'en terminerai là car tout sera dit de partager ici quelques unes des phrases du Monsieur, issus de ses chansons :
- Des défis à relever / Des prix décernés à tes yeux / À perte de vue / Dodelinent des grues / Les pieds dans la boue / Qui eût cru / Qu'un jour nos amours / Déborderaient...
- Je me suis emporté / Transporté / Par delà les abysses / Par dessus les vergers / Délaissant les grands axes / J'ai pris la contre-allée...
- J'irai en découdre / Avec ce tissu de mensonges / Abattons la cloison / Arrachons les plinthes / La citadelle / Au créneau
- Aller au charbon / Aller aux ouailles / Chercher la houille / J'ai beau invoquer / Interroger mes cellules grises / Sophistiquer l'attirail
- On se rappelle / On se racole / Peu à peu, tout me happe /
- Au large les barges se gondolent dans le roulis / Ici on cuit / Au bain-marie / Un coup j'te lave un coup tu m'essuies / Ici on se botte / On se débecte / Et les mouettes se délectent / De nos anecdotes.
- Volutes partent en fumée / Je cloue des clous sur les nuages sans échafaudage / Et mon corps de se rouiller / A des lunes surdouées
- Je t'ai manqué, Pourquoi tu me visais ? / Et si l'on disait le contraire / Ou si l'on ne disait rien / Si l'on construisait les phrases à l'envers / Ou si l'on soulevait demain / Qui serait l'adversaire ? / Entre nous, qui serait le plus malin ? /
- On m'a vu dans le Vercors / Sauter à l'élastique / Voleur d'amphores / Au fond des criques / J'ai fait la cour a des murènes / J'ai fais l'amour / J'ai fait le mort / T'étais pas née / La nuit je mens / Je prends des trains / a travers la plaine / La nuit je mens / Je m'en lave les mains.
- Rêve de fougères / De foudres et de guerres / A faire et à refaire.
Je tuerai la pianiste / Afin que l'on sache
Que la vie d'artiste / N'est pas rose, n'est pas sans tache
Comme un navire qui tangue / Qui rend ses attaches
Je tuerai la pianiste / Afin que l'on sache
Que quelque chose existe / En dehors de ça.