Rapa Iti, légende polynésienne

Publié le 15 mars 2009 par Argoul

Un éditeur a eu l’intelligence de produire un livre de légendes de l’île de Rapa Iti (Australes). Il est le fruit d’un travail de deux natifs de l’île et d’un ethnologue. Ce livre bilingue français/ langue de Rapa est du beau travail pour le patrimoine polynésien.

L’homme et le vent (te tangata e te matangi)

Un jour, il y avait beaucoup de vent sur l’île de Rapa. Le vent soufflait en rafales très fortes. Une famille avait cependant quitté le village pour aller en pirogue vers une des pointes de l’île appelée Akatanui. Avec beaucoup de difficultés, la famille arriva à la pointe. A sa grande surprise, tout y était totalement calme. Le vent ne soufflait plus. Pris d’euphorie, un des hommes de l’embarcation se moqua du vent. S’adressant au ciel, il s’exclama de façon provocante : « Alors, ton souffle s’arrête ? C’est fini ? »

Quelques instants après qu’il eût dit ces mots, le vent recommença à souffler. Son intensité avait doublé. Il se déchaîna dans la baie. Il souffla si fort que les pandanus et les autres arbres du rivage furent tous arrachés ou détruits. Le vent secoua si fort la pirogue qu’elle chavira. Par chance pour les passagers, tous purent regagner le rivage à la nage. Il n’y eut aucun mort. Leur embarcation avait cependant été brisée, jetée par le vent et les vagues contre les rochers. Lorsque la tempête s’arrêta, la famille contempla impuissante le triste spectacle des arbres déracinés, couchés par terre. La désolation avait envahi le rivage.

Extrait de Légendes de Rapa Iti, Alfred Make (dit Tepua) & Christian Ghasarian, transcription Rosine Tamatahotoa-Oitokaia, éditeur : ‘Au vent des Iles’, Tahiti.

L’île de Rapa dans l’archipel des Australes, est isolée, difficilement accessible, située au sud du tropique du Capricorne (27° sud et 144° ouest), à 1420 km au sud-est de Tahiti et à 570 km au sud de Raivavae. Pas de marae (temple païen) ni de tiki (statues de dieux) sur ce bout de terre de 40 km carrés en forme de croissant. Seulement les restes de douze pa (forts), douze baies extérieures et une profonde baie intérieure de 2 km de profondeur sur 800 m de large. Pas de récif, pas de lagon, un relief montagneux d’une beauté naturelle qui frappe tous ceux qui ont eu la chance d’y aborder. La température peut descendre en saison fraîche à 8°c. Les manguiers et les arbres à pain ne poussent pas à Rapa, et le cocotier ne donne pas de fruit.

Pas non plus d’aéroport. Une goélette environ tous les deux mois. Moins de cinq cents habitants. Le « conseil des sages » attribue des terres pour s’y installer ou cultiver, pas de droit de propriété mais simplement un droit d’usage de la terre.

Vous pouvez lire ou relire sur ce blog ma « Croisière aux Australes sur l’Aranui ».

Sabine

Croisière aux Australes 1
Croisière aux Australes 2
Croisière aux Australes 3