-Tout ! Enfin rien, rien ne va. Mon chat s’étrangle avec une arête de merlu : 50 euros de vétérinaire. Ma Brandt me lâche hors garantie, on ne peut même plus compter sur les Allemands : 450 euros de dépannage. Mon neveu se pacse avec un érémiste : 100 euros de cadeau quand même. Que des frais. J’ai dû vendre un napoléon.
-Mais le prix du gaz qui baisse de 10%, quand même !
-Je suis au tout électrique.
-Et la courbe d’optimisme des ménages, M’ame Daube, dans Le Parisien, en hausse malgré la crise, à 65 % !
-Cessez de mouliner, M’ame Daube. Il faut positiver. Tenez : la baisse de la TVA dans la restauration, voilà quelque chose ! Moi qui rêvais depuis trente ans d’un dîner chez Maxim’s et qui renonçais à cause du 19,6… Non non, on ne peut pas dire que ce Président ne fait rien. Regardez comme il tempête : contre les banquiers qui veulent pas l’ouvrir, contre les patrons qui veulent la fermer, contre les pays qui blanchissent, contre le Mexique qui met à l’ombre, contre le chercheur qui trouve pas, le juge d’instruction qui trouve trop, contre les ministres qui patinent ou les journalistes qui dérapent : il se démène comme un beau diable.
-Pour rien : plus d’eau dans le bénitier. Même l’Eglise qui ne sait plus à quel saint se vouer, fulminant quand il faut pardonner, pardonnant quand il faut fulminer. Voulez-vous que vous dise, M’ame Michu ?
-Oui, mais vite, M’ame Daube. J’ai ma fille à manger, faut que ça cuise.
-Je suis mûre.
-Oui, mais vous ne le faites pas. Avec vos mèches, on vous donnerait soixante.
-A nos âges, M’ame Daube, ça vaut mieux que la grippe. Mais vous, dans cette féérie ? A la lanterne ?
-Moi ? A l’enregistrement. Mon pauvre Albert disait toujours que j’avais l’esprit comptable.
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