A comme Alexander McQueen • A like Alexander

Publié le 08 mars 2009 par Anneray

Demain soir je serai chez Alexander McQueen. Comme depuis septembre 1997, quand il m'a donné carte blanche pour photographier ses créations, certes, mais lui aussi, et tout ce que je veux. L'oeil en coulisses. Posé sur une jeune femme, une ombre ou un détail. Voire un soupir.


Nous nous sommes rencontrés en 1996 à Paris. Suivirent 10 jours intenses à Tokyo, au printemps 1997, lorsque Givenchy Japon déroula le tapis rouge pour présenter le nouveau créateur de la maison. Eté 1997, je quittais Tokyo pour Londres, et Alexander me demandait de travailler pour lui. 12 ans déjà.
 

Lee McQueen est un pur visionnaire, bien davantage qu'un créateur de mode. C'est surtout un être rare, et c'est pour ça que je l'aime.
Même si aujourdh'ui son sucès est phénoménal, même si son bureau et son studio sont baignés de lumière dans des espaces immenses sur Clerkenwell Road à Londres, il reste lui-même. Je n'ai pas oublié les débuts, ni tout ce que Lee a pu dire ou faire à certains instants précis au cours de ces 12 années. Jusqu'à il y a une semaine.

Je me rends chez McQueen comme à un rendez-vous familier. C'est une famille, l'équipe n'a pas changé. C'est rare dans ce monde-là. Au milieu de cette jungle que représentent les coulisses d'un défilé de mode, avec sa faune et sa flore, je déambule tranquillement et je photographie calmement.

Il n'y a jamais de podium ici. On construit un lieu, un décor, selon la vision que Lee et un artiste choisi ont élaborée. Il y a toujours un concept et un pari insensés. A un moment donné, très bref, proche de la fin, je serai entourée de créatures, entre songe et réalité, Philip Treacy posera ses derniers chapeaux, le temps s'arrêtera. L'espace d'un instant. The climax.
Un défilé dure environ 15 minutes. Warhol aurait saisi toute l'ironie de la chose. J'y passerai environ 8 heures. Depuis les commencements, quand on entend les marteaux et les perceuses, jusqu'à la fin, quand les bijoux, les vêtements, les chaussures disparaissent en 5 minutes sous des housses noires.
Juste avant qu'une foule hétéroclite envahisse le backstage. Je m'en amuse toujours. Ils cherchent fébrilement Alexander McQueen, il n'est jamais là. Il a toujours fui. Evanoui, ailleurs.






En voir davantage dans l'album : McQUEEN



GARBAGE...
Vraiment mes années Londres :
Stupid Girl, I'm only happy when it rains, Milk, I think I'm paranoid, You look so fine... Vous écout(i)ez ?