(Pour faire défiler les poésies jour après jour,
cliquer sur les flèches de navigation)
BEAUTÉ
Beauté
― toute la ville détruite ! Et
les flammes qui s’élèvent
comme une souris, comme
une pantoufle rouge, comme
une étoile, un géranium,
la langue d’un chat ou ―
la pensée, la pensée
qui est une feuille, un
caillou, un vieillard
droit sorti d’une histoire de
Pouchkine .
Ah !
des poutres pourries qui
s’écroulent,
une vieille bouteille
pulvérisée
La nuit ressemblait au jour à cause des flammes, flammes
dont il se nourrissait ― creusant la page
(la page en flammes)
comme un ver ― pour mieux comprendre
Que nous buvons jusqu’à l’ivresse pour être finalement
détruits (par cette nourriture). Mais les flammes
sont flammes avec une exigence, une outrance destructrices
qui leur sont propres ― comme il y a des feux qui
couvent
couvent très longtemps sans jamais
s’embraser
Des papiers
(consumés) éparpillés au vent. Noirs.
L’encre brûlée à blanc, le métal à blanc. Ainsi soit-il.
Viens, beauté transcendante. Viens vite. Ainsi soit-il.
Poussière entre les doigts. Ainsi soit-il.
Viens, futilité déguenillée. Triomphe.
Ainsi soit-il.
William Carlos Williams, Paterson, José Corti, 2005, pp. 126-127. Traduit par Yves di Manno.
Retour au répertoire de mars 2009
Retour à l' index des auteurs
» Retour Incipit de Terres de femmes