Une écriture fine et poétique, très littéraire et de grande qualité, qui donne envie de faire sa valise et de la poser à tout jamais dans cette région qu'on imagine paradisiaque.
Extrait : "A l’aube, les femmes avaient marché jusqu’au rebord de la falaise dont les promontoires de calcaire surplombent la vallée. Derrière, au fond d’une grotte gardée par un feu affaibli, les hommes dormaient encore, pétris d’un long sommeil lourd, et insensibles aux lueurs du soleil levant qui jetait sur les parois des ombres mouvantes. La marche des jours précédents avait été harassante. Le froid, l’absence d’eau, la terre aride s’étaient ligués au long de leur errance dans un paysage, ponctué d’un horizon à l’autre, de quelques arbres rabougris aux feuilles desséchées. Au hasard des pentes, la tribu s’étirait ou se regroupait avec la souplesse d’un animal étrange qui ondulait, seul au cœur d’un espace désolé. Sollicités par des signes infiniment délicats et hasardeux – l’orientation du vent, l’aspect du sol, l’odeur des rares bêtes , l’écorce des arbres- ils avaient échoué sur cette immensité ingrate où les jours noués dans un gris chaotique se noyaient au fond d’une nuit glaciale."