Malgré un profit record de 13,9 milliards d’euros, « Total » annonce une
suppression de 555 emplois justifiée par la baisse, non pas de ses résultats, ni même de ses bénéfices, mais de la consommation de pétrole et d’essence.
Certes, le groupe Français explique qu’il s’agit là de départs à la retraite non remplacés, mais dans une crise qui durablement s’installe et frappe en priorité les plus fragiles, comment
accepter un tel raisonnement qui nie l’évolution des attentes et des comportements, évoquant même, comble de la provocation, « un ajustement des effectifs ». Comment les intéressés ressentent-ils
le fait d’être ainsi ajustés comme de vulgaires pièces d’un puzzle financier ?
Aucune société ne peut, en effet, se contenter de la règle du droit du plus fort. Aucune entreprise ne peut ignorer un environnement dont elle dépend et qu’elle a tout intérêt non seulement à
préserver, mais également à faire vivre. Bref, la responsabilité économique se double désormais d’une responsabilité sociale partagée.
Le cynisme avec lequel « Total » traite ce dossier et, par là même, ses salariés et, au-delà l’ensemble des Français, traduit un comportement dépassé. Le profit n’excuse pas tout. En tout cas, iI
crée plus de devoirs que de droits. Le mépris réside autant dans la décision que dans son traitement. Le groupe pétrolier ne semble cependant pas en prendre conscience, ni mesurer la portée de
ses décisions.
Et que Laurent Wauquiez, le Secrétaire d’Etat à l’emploi, trouve que « ce comportement ne soit pas exemplaire » et qu’il lui reste même « en travers de la gorge » ne suffit à excuser ni le
silence de ses collègues, ni celui de l’Elysée.
Quel qualificatif emploieront, en effet, les Ministres pour désigner cette fois les 1 120 licenciements de « Continental » à Clairoix, en Picardie ? Comment ne pas dénoncer le fait qu’une OPA
suffise finalement à détruire une unité de production que les salariés entendaient pourtant préserver en abandonnant leurs acquis des trente-cinq heures ? Tous s’estiment aujourd’hui trahis.
A Clairoix, à Gonfreville ou à Notre-Dame de Gravenchon, tous ces « ajustements » caractérisent finalement une « Total » indécence.
Par Jean-Jacques THOMAS,
Premier Secrétaire Fédéral de l’Aisne du Parti Socialiste.