Elle aurait pu devenir en mai dernier la première femme à la tête de l'un des Etats les plus puissants du monde, elle se retrouve en septembre simple porte-parole de l'ARF (Association des Régions de France) grâce à son mandat de présidente de la région Poitou-Charentes.
Il n'est pas si loin le temps où les télévisions des quatre continents étaient réunies à Melle, le fief non pas dépassé par la beauté de son architecture mais par celle de Ségolène Royal. Aujourd'hui la malheureuse candidate est seule contre tous. Moi même, son plus farouche adversaire dans le domicile familial, je commence à me prendre de pitié pour cette femme abandonnée dans les vestiaires du Parti Socialiste.
Elle aurait pu devenir députée, mais sa conscience guidée par cette règle saugrenue de non-cumul des mandats a eu raison d'elle. Ségolène Royal est passée de l'antichambre du pouvoir à l'antichambre du désespoir. Ses amis de l'ARF qui, il y a encore quelques semaines de cela lui auraient confié la présidence de leur association, rechignent aujourd'hui à lui donner. Pis encore, la situation qu'elle vit dans son propre camp politique. Le comportement de certains à gauche du PS rendrait la droite presque amicale aux yeux de la malheureuse candidate. Des erreurs elle en a commises. Du talent elle n'en avait pas énormément mais elle semblait le comprendre. Le jeu politique, et c'est normal, met en concurrence les personnalités et les projets au sein d'un même parti, mais là, on se rapproche de la lapidation publique pour Ségolène Royal. Chacun au PS y va de son petit pamphlet de 100 pages pour critiquer directement ou indirectement l'ancienne candidate.
Les histoires de famille on les règle en famille et non pas par livres interposés, non ? Si c'est comme ça que compte se réformer le PS, les éditeurs et le porte monnaie des cadres socialistes qui se découvrent une passion soudaine pour l'écriture ont de beaux jours devant eux. Ségolène non plus n'est pas exempt de tout vice littéraire. Elle s'offre une petite thérapie par le biais de son prochain livre... . Mais elle ne fait que se défendre en utilisant les armes de ses adversaires diront certains.
Malmenée de tous côtés, la femme politique est pourtant nécessaire à ce PS oligarchique, vidé du côté droits de ses cadres les plus modernes et les plus rénovateurs, et hypnotisé du côté gauche par les derniers vieux de la vieilles qui n'ont pas compris que la réforme n'était pas un gros mot. Ségolène Royal aspire à une modernisation et à un rapprochement du PS avec le centre gauche, voilà un projet ambitieux et conforme à l'évolution européenne des autres partis socialistes, dont le Partito Democratico est l'exemple type d'une ouverture de la gauche réussie. D’ailleurs, signe de rapprochement avec l'idéologie transalpine, Ségolène Royal se rendra le 9 septembre prochain à la fête du quotidien de gauche L'Unità.
Espérons qu'ils ne nous la gardent pas car à l'allure des débauchages socialiste par la droite, il ne restera plus grand monde pour rénover un parti abandonné dans un triste état par François Hollande en 2008.
(Photo agence)