(1753-1814)
CHANSON PREMIÈRE.
Quel est le roi de cette terre ? – Ampanani. – Où est-il ? – Dans la case royale. – Conduis-moi devant lui. – Viens-tu la main ouverte ? – Oui, je viens en ami. – Tu peux entrer.
Salut au chef Ampanani. – Homme blanc, je te rends ton salut, et je te prépare un bon accueil. – Que cherches-tu ? – Je viens visiter cette terre. – Tes pas et tes regards sont libres. Mais l’ombre descend, l’heure du souper approche. Esclaves, posez une natte sur la terre, et couvrez-la des larges feuilles du bananier. Apportez du riz, du lait et des fruits mûris sur l’arbre. Avance, Nélahé ; que la plus belle de mes filles serve cet étranger. Et vous, ses jeunes sœurs, égayez le souper par vos danses et vos chansons.
CHANSON II.
Belle Nélahé, conduis cet étranger dans la case voisine, étends une natte sur la terre, et qu’un lit de feuilles s’élève sur cette natte ; laisse tomber ensuite la pagne qui entoure tes jeunes attraits. Si tu vois dans ses yeux un amoureux désir ; si sa main cherche la tienne, et t’attire doucement vers lui ; s’il te dit : Viens, belle Nélahé ! passons la nuit ensemble ; alors assieds-toi sur ses genoux. Que sa nuit soit heureuse, que la tienne soit charmante ; et ne reviens qu’au moment où le jour renaissant te permettra de lire dans ses yeux tout le plaisir qu’il aura goûté.
CHANSON III.
Quel imprudent ose appeler aux combats Ampanani ? Il prend sa zagaye armée d’un os pointu, et traverse à grands pas la plaine. Son fils marche à ses côtés ; il s’élève comme un jeune palmier sur la montagne. Vents orageux, respectez le jeune palmier de la montagne.(Edition Bibliothèque malgache.)
Les ennemis sont nombreux. Ampanani n’en cherche qu’un seul, et le trouve. Brave ennemi, ta gloire est brillante ; le premier coup de ta zagaye a versé le sang d’Ampanani. Mais ce sang n’a jamais coulé sans vengeance. Tu tombes, et ta chute est pour tes soldats le signal de l’épouvante. Ils regagnent en fuyant leurs cabanes. La mort les y poursuit encore. Les torches enflammées ont déjà réduit en cendres le village entier.
Le vainqueur s’en retourne paisiblement, et chasse devant lui les troupeaux mugissans, les prisonniers enchaînés, et les femmes éplorées. Enfans innocens, vous souriez et vous avez un maître !