Magazine Culture

Urgences - It sure did feel like "old times" (15.19)

Publié le 13 mars 2009 par Heather

Au cours des dernières vacances, je m'étais replongée avec une étrange nostalgie dans la première saison d'Urgences (le coffret DVD fut un cadeau de ma soeur). J'ai été plutôt surprise de me retrouver si facilement, instantanément, happée par la narration, par ses chroniques médicales, sociales et sentimentales qui avaient accompagné tous mes dimanche soirs sur France 2. J'avais apprécié, mais je ne m'attendais pas à éprouver cette indéfinissable nostalgie, accompagnée d'un étrange sentimentalisme, face à ces épisodes vus et revus grâce aux multiples rediffusions et à mes vaillantes VHS. Urgences avait toujours été pour moi cette icône qui revenait en prime-time à chaque rentrée ; la seule série pour laquelle je parvenais à négocier un visionnage à mes parents. Ce fut une fondation, un point stable dans le paysage des séries, bien avant que je devienne sériephile. Pourtant, sur le moment, le rendez-vous n'avait jamais paru exceptionnel. Juste fidèle et casuel. Il m'a fallu me replonger dans cette première saison des années après, pour, a posteriori, me rendre compte à quel point Urgences a pu compter pour moi et prendre conscience de tous les souvenirs qui y sont associés. Comme si, par ce retour aux sources, je revoyais sous un nouvel angle la série.

Oh, je ne vais pas faire un épitaphe. Tout d'abord, parce que la série n'est pas encore finie (elle se clôturera sur NBC en avril), mais aussi parce que nos chemins se sont séparés il y a déjà quelques années... J'ai peu à peu laissé filer la série au tournant des numéros de saison à deux chiffres. Les épisodes manqués ont commencé à s'ajouter, le casting a continué son évolution, les urgences ont conservé leur lot de dramas, de romances, tandis que moi, j'ai eu le sentiment que tout avait été raconté et que je n'avais plus d'attente envers la série. Nos chemins se sont ainsi séparés sans effusion, sans même que je m'en rende vraiment compte. Certes, il y eut bien quelques épisodes, croisés un peu par hasard, de temps en temps, histoire de jeter un oeil à une équipe devenue en majorité étrangère, mais alors que la quinzième et dernière saison de la série est actuellement diffusée aux Etats-Unis, on peut sans doute dire que j'ai tourné la page. La phase de deuil serait même déjà presque terminée, au vu de mes retrouvailles DVD avec les premières saisons.

C'est assez paradoxal de réfléchir sur la place d'une série dans son expérience sériephile, a posteriori. Il est vrai que mon regard sur les séries a bien changé depuis ma découverte de la première saison. La première diffusion de la série en France date de 1996, j'étais à peine une adolescente à l'époque... Tout ça pour dire que même si je ne me suis jamais considérée comme fan d'Urgences, même si je n'aurais jamais cru entreprendre l'achat des DVD et revoir avec autant de plaisir les épisodes passés, cette série a sans doute forgé les bases de ma sériephilie plus sûrement qu'aucune autre série des années 90 (avec X-Files, qui introduisit la touche mythologique complémentaire). En somme, une éducation téléphagique presque caricaturale via les grandes chaînes hertziennes (n'ayant jamais eu le câble) des années 90.

Si je prends le prétexte de ce billet nostalgique pour parler de tout cela, c'est que, ce soir, j'ai regardé mon premier épisode d'Urgences en VO. Pour retrouver des tas de docteurs inconnus déambulant dans des urgences que je peinerai presque à reconnaître, dans le décor immuable de Chicago. Des inconnus, certes, mais pas seulement. A moins d'avoir été complètement déconnecté des informations médias ces derniers mois, vous n'avez sans doute pas échappé au buzz entourant le retour de grands anciens afin de clôturer dignement ces urgences si fidèles. Et bien, hier soir, aux Etats-Unis, c'était un de ces épisodes. Je vous avoue que j'ai repris le chemin des urgences depuis quelques épisodes déjà ; depuis le retour à Chicago de John Carter. Mais l'épisode d'hier soir concentrait d'autres special guest : Eriq La Salle (Peter Benton), Julianna Margulies (Carol Hathaway) et George Clooney (Doug Ross). Je demandais bien par quel subterfuge les scénaristes mettraient en scène tous ces personnages. J'appréhendais même un peu. Finalement sans raison. Car l'histoire fut très bien construite, le scénario appliqué, et l'ensemble a touché sans difficulté ma fibre nostalgique, si bien que je suis très contente qu'ils aient fait cet épisode.

Urgences - It sure did feel like

Une seule storyline a véritablement focalisé mon attention. Comme je l'ai dit, les urgences ont continué à vivre sans moi. Sans regret.
La situation est la suivante en cette fin de quinzième saison. John Carter est revenu aux Etats-Unis malade. Un parasite récupéré en Afrique a progressivement détruit son seul rein (l'autre a été perdu quand il fut poignardé par ce schizophrène qui tua Lucy). Carter a donc besoin d'une transplantation d'un nouveau rein, ou il mourra. Je ne vous cache pas que je me fais un sang d'encre depuis le début : les scénaristes achèveront-ils leur série avec la mort de Carter ? Certains vous parleraient de la symbolique du cycle, moi je vais juste m'inquiéter.
Dans ce dix-neuvième épisode, Carter, mal en point, attend qu'un organe soit disponible. A Seattle, un adolescent est en état de mort cérébral. Si sa grand-mère donne son consentement, ses organes pourront être distribués aux patients les plus critiques du pays. Carol et Doug s'occupent de ce patient et s'efforcent d'obtenir cet accord.

Urgences - It sure did feel like

L'habileté de l'épisode est d'exploiter finalement un schéma proche des "six degrés de séparation". La présence des personnages a un sens ; il ne s'agit pas simplement d'une exposition qui donnerait l'impression d'être forcée. Il n'y a pas d'évènement particulier. Seulement des médecins qui font leur travail. On retrouve brièvement, comme si on ne les avait jamais quitté, des personnages familiers que l'on suit dans une journée ordinaire de travail. Il n'y aura pas de retrouvailles à Seattle. Nous suivrons simplement un cas médical. Doug s'efforce d'expliquer à la grand-mère de l'adolescent (Susan Sarandon) que ce dernier est mort. Que son cerveau n'a plus d'activité et que s'il lui a pressé la  main, c'est un simple réflexe nerveux qui n'a pas d'autre signification. Une histoire émouvante de donation d'organe très classique. Ni Doug, ni Carol n'ont la moindre idée des destinataires potentiels de ces organes. Sam et Neela sont également à Seattle pour obtenir un coeur pour un patient du Cook County. Au détour d'une brève conversation avec Doug, ce dernier mentionne le passé. Un passé révolu aux urgences, où le personnel a changé, de nouvelles têtes inconnues se sont installées. Une conversation sous forme de reconnaissance, tant du renouvellement de la série, que de la nostalgie à l'égard des anciens. Ce sont les représentants de deux époques d'une série qui les transcende. Même si c'est presque frustrant, à aucun moment, même lors du dernier coup de téléphone les informant que les transplantations ont réussi, Doug et Carol ne sauront qu'ils ont contribué à sauver la vie de John Carter ; ils sauront seulement que le rein est allé à "some doctor". Cela souligne bien la simplicité constante et la justesse d'un scénario parfaitement maîtrisé. Il n'y a aucune surenchère, pas de retrouvailles bruyantes, ni d'occasions spéciales de rassemblement d'anciens, seulement les évènements de la vie qui amène certaines routes à se croiser, sans même qu'aucun protagoniste n'en ait conscience. J'insiste sur cette sobriété parce qu'elle était pour moi fondamentale. Je ne voulais pas d'une apparition parachutée. Les scénaristes ont réussi à ré-introduire le temps d'un épisode deux anciens personnages sans rien alourdir, de façon normale, et cela procure un vrai plaisir pour tout fan de la série.

Urgences - It sure did feel like

Dans le même ordre idée, le troisième personnage familier que l'on croise nous est introduit de façon tout aussi sobre. Carter attend sa transplantation à l'hôpital. Sur le tableau du service, la mention d'un patient nommé "J. Carter" amène un chirurgien qui y travaille à vérifier. Simple réflexe. Et c'est ainsi que la route du docteur Benton recroisa Carter. Quel plaisir de retrouver ce duo interagir et renouer si naturellement un contact perdu. On prend encore plus conscience du chemin parcouru, tant ces deux-là ont changé sous nos yeux et traversé de nombreuses épreuves. On partage même certaines réactions : quand Benton mentionne que Rees a 13 ans désormais, j'ai poussé le même soupir que Carter, voilà qui nous rajeunissait tous. Les dialogues d'abord un peu hésitants, puis qui retrouvent des automatismes qu'ils auraient cru oubliés, sonnent justes. A nouveau, à travers quelques échanges sur leur vie respective, on est informé de la vie qui a continué loin de l'écran télé. Ca m'a fait plus plaisir que je ne l'aurais cru de les voir ainsi renouer cette complicité. C'est un autre pilier d'Urgences qui nous est ainsi rappelé ; Benton ayant joué un rôle prépondérant dans la formation de Carter, et ayant toujours eu une influence sur lui.

Urgences - It sure did feel like

Au final, j'ai vraiment bien aimé cet épisode en partie consacré à des "retours", car les scénaristes ont bien négocié la difficulté de réintroduire des figures aussi importantes, vaguement iconoclastes, en parvenant à articuler l'ensemble des intéractions de manière cohérente. La mise en scène des uns et des autres a un sens. Il n'y a pas d'effet particulier pour marquer l'évènement, mais seulement une sobriété qui sonne juste. Loin de toute lourdeur ou d'un sentimentalisme excessif dans lequel il aurait été facile de tomber, la force de l'épisode est de nous offrir simplement un bref aperçu sur la vie actuelle de personnages depuis longtemps perdus de vue. Une fenêtre sur des gens dont on n'avait plus de nouvelles, c'est tout. Le caractère spécial de ces scènes réside uniquement chez le téléspectateur. Et quel caractère spécial ! Le simple fait de retrouver Doug Ross pour quelques scènes, en vrai docteur, à vouloir faire son job le mieux qu'il peut, cela a suffi à me faire fondre instantanément et à marquer ma soirée. Ce que j'assume totalement.

Urgences - It sure did feel like

Si bien que ce que l'on retient de cet épisode, c'est que la vie continue au-delà et par-delà la caméra dans cette série qui transcende ses protagonistes. Un épisode nostalgique en forme d'hommage qui fut donc très bien négocié. Si la saison continue sur les bases de cette quinzième saison, Urgences aura tiré sa révérence avec dignité. Chapeau.
Et merci pour toutes ces scènes qui ont réchauffé mon coeur de sériephile ce soir !

Urgences - It sure did feel like


And it sure did feel like old times.

Urgences - It sure did feel like

Lectures complémentaires - A lire sur la blogosphère :
- Les reviews de chacun des épisodes de cette 15ème saison sur DylanesqueTV.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Heather 19 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte