Décidément, un vent de puritanisme mondain et très parisien devra sous peu recouvrir de son manteau imaculé les terribles commerçants de proximité qui osent encore gagner leur vie avec l'alcool, le tabac et... les jeux de hasard. Loin de moi l'idée que sous prétexte de privilégier une catégorie de commerçant au détriment du budget de la Sécurité sociale, il faudrait laisser les choses en l'état et ne surtout pas intervenir. C'est vrai, il faut impérativement lutter contre l'alcoolisme, la tabagie et l'addiction au jeu. Je suis d'accord. Mais les commerçants qui vendent ces produits éminament subservifs et criminels doivent-ils pour autant crever la bouche ouverte ?
Je pense en particulier aux bureaux de tabac-presse qui sont dans certains villages et quartiers les derniers lieux de vie. Ce métier exigeant en horaires et disponibilité possède aujourd'hui un avenir très sombre. Sous prétexte de rentabilité, le choix des magazines est de plus en plus réduit. Et, alors que la profession réfléchit à, et met en place, des sources de revenus supplétives (épicerie de dépannage par exemple), la Française des Jeux annonce la bouche en fleur l'extension de sa diffusion aux grandes surfaces.
Un coup de poignard dans le dos quand on sait que la Française des Jeux a toujours pu faire confiance à un réseau solide et loyal de petits commerçants qui tirent un modeste revenu de cette activité : 980 € par mois en moyenne. Ce qui n'est pas grand chose comparativement au temps et à la place alloués. Et pourtant, la proximité est une valeur affichée de cette prestigieuse compagnie qui présente son réseau de vente de façon tellement élogieuse : Buralistes, diffuseurs de presse ou patrons de bars en métropole, gérants d'épiceries de village ou de stations-service outre-mer, ces commerçants indépendants sont ancrés dans le tissu économique local. Ils contribuent à l'animation de la vie d'un quartier ou d'un village et à sa vitalité.
On en aurait presque la larme à l'oeil. Mais au fait ? Je suppose que mettre des jeux aux sorties de caisse des grandes surfaces contribuera à diminuer l'addiction au jeu de nos compatriotes consommateurs ?
Non ?