Voilà un peu plus de quarante sept ans, des hommes et des femmes attachés à une terre qui les avait vu naître
et qu'ils avaient su faire prospérer, durent quitter, sans délai, leur Algérie natale.
Voilà plus de quarante sept ans que ces hommes, leurs femmes et leurs enfants attendent de l'Etat que soit enfin assumé par la communauté nationale le traumatisme sans précédent qu'ils durent subir.
La dette est immense et les harkis, comme leurs enfants, ont parfois l'impression que, jouant sur l'écoulement du
temps, c'est leur honneur qui a été bafoué.
Permettez-moi de le dire, cependant : la reconnaissance morale est importante, mais elle ne suffit pas. Le devoir de
la France est de passer des symboles aux actes, un véritable plan Marshall pour les harkis, en vue de leur restituer leurs droits et d’être enfin considérés comme des Français à part entière.
Jacques Chirac a rendu hommage aux harkis et à leur sacrifice. A vous, Monsieur le Président de la République et Monsieur le secrétaire d'Etat d'apporter des solutions concrètes aux
problèmes qui se posent. Un progrès important, voire décisif.
A mes yeux, il est sera plus que nécessaire si l'on veut tenter de solder définitivement la situation. Peut-être
faut-il proposer un « plan d’honneur », si vous me passez l'expression, à savoir l'attribution d'un capital de tout compte. Un capital qui vaudra pour l'ensemble de la famille des harkis, toutes
générations confondues. Ne l'oublions pas : si un juste capital avait été attribué en temps utile, il y a dix, vingt, trente ou quarante ans, la somme, une fois actualisée, serait beaucoup
plus importante que celle que nous connaissons aujourd'hui.
Cette demande ne doit pas être considérée comme des revendications mais, me semble-il, simplement comme des droits. Les harkis ont été un épisode sombre de l’histoire de France. Jamais la France ne pourra solder les dégâts psychologiques et humains, mais elle doit faire que possible pour réparer au mieux les dégâts économiques et sociaux.