C’est instructif d’observer les gens dans les rues, qu'ils soient à pied, en voiture ou à vélo. Les comportements varient d’une culture à l’autre et aussi dans le temps. Je vais comparer 3 lieux que je connais bien : les États-Unis, la France et le Canada.
États-Unis & Canada anglophone.
Aux États-Unis, tout comme dans la partie anglophone du Canada, la règle d’or est de respecter les règles. En tant que piéton ou cycliste, on te chicanera si tu confonds les pistes cyclables des voies piétonnes (expérimenté à Vancouver). Dès que tu poses la pointe des pieds sur le passage pour piétons, toutes les voitures s'arrêtent (vécu à Boston : je ne comprenais pas pourquoi toutes les autos attendaient, jusqu’à ce que je réalise que c’était pour moi). Aux États-Unis, les voitures roulent doucement… C'est d'abord une question de culture et d'éducation. Également, les américains sont plutôt relaxes en général. Enfin, c'est tolérance zéro pour qui enfreint les limites de vitesse. Les policiers n’ont pas l’air gentil, aux États-Unis.
Paris, France.
Les piétons sont inconscients des règlements. Ou plutôt ils s’en fichent. Ils traversent les rues, mais souvent en dehors du passage clouté ou bien quand le « bonhomme » est au rouge. Ils comptent sur les voitures pour qu’elles s’arrêtent. J’ai souvent des sueurs froides, car certains prennent des risques s’en avoir l’air de s’en rendre compte. De plus, ça gène personne de traverser juste devant une voiture de police. Y'a plus de respect, de nos jours... Les cyclistes, après s’être pris de nombreuses contraventions en 2008, se sont calmés. C’était un peu l’anarchie : feux rouges, trottoirs, sens interdits et sens uniques faisaient la joie des Vélib’ (le vélo-liberté se devait de respecter des règles??).
Quant aux automobilistes, c’est autre chose. Il y a eu une évolution, comme dirait Darwin, pour ne pas dire une révolution. Il y a 10 ans, Paris était La ville pour tester ses performances en conduite automobile. Les voitures allaient vite, les conducteurs étaient nerveux et le périphérique, une vraie épreuve. Tout cela a bien changé. J’ai retrouvé une ville où les automobilistes klaxonnent moins, roulent modérément et sont moins agressifs. Beaucoup laissent passer les piétons engagés sur les passages cloutés, même les taxis, c’est pour dire. Les lois coercitives pour faire respecter le code de la route y sont sûrement pour quelque chose. Peut-être aussi y a-t-il eu une évolution des mentalités, en tout cas, je l’espère.
Montréal, Québec.
Le Québec est un savoureux mélange entre la culture latine et anglo-saxonne. Suivant les situations ou les domaines de la vie, l’une ou l’autre a tendance à dominer. Pour ce qui concerne le comportement des automobilistes, j’ai observé une grande évolution entre la date de mon arrivée à Montréal et aujourd’hui. On peut dire qu’il s’est passé le phénomène inverse de la France. Alors que les montréalais et les québécois en général conduisaient tranquillement, les montréalais ont changé peu à peu leur comportement et expriment désormais leur côté latin... dans leur char. Et c’est plutôt latin du sud, du genre italien… Ça klaxonne, ça ne respecte pas les piétons et cyclistes, ça ouvre sa vitre pour chicaner un piéton indésirable, ça colle au derrière de la voiture de devant, etc. On parle même d'un nouveau phénomène : la rage au volant. Le comportement des conducteurs change en fonction des saisons. En hiver, l’automobiliste est contraint de lever le pied, neige et verglas obligent. Au printemps, lorsque la chaussée redevient sèche et belle, les conducteurs se sentent comme sur un circuit de formule 1. C’est le soulagement après cinq mois de conduite crispée et mesurée. On peut enfin « se lâcher » sur la route. En automne, on sent dans les comportements l'appréhension de l'hiver qui revient.
Les piétons québécois sont beaucoup plus sages que leurs confrères français. Il faut dire que les rues sont larges et il est dangereux de traverser en dehors des passages protégés. Les cyclistes, quant à eux, sont les pires que j’ai côtoyés (mais j’en faisais partie…). Des latins… très très méditerranéens. Sans compter les nombreux patineurs à roues alignées (les rollers) qui s’exhibent dans la rue ou les vélos d’hiver sur les chaussées enneigées. Toutes les excentricités s’expriment et c’est une joyeuse cacophonie.
Je ne croyais pas qu’un tel sujet me fasse couler autant d'encre!
-