[Charles Maurras et sa préhistoire par Jean Mabire. Chronique publiée dans National-Hebdo et repris dans les Cahiers de Chiré.]
En consacrant une minutieuse et laudatrice biographie à son maître, Yves Chiron (1), directeur du Bulletin Charles Maurras, a l'immense mérite de faire connaître un homme et une oeuvre injustement minorisés. À une époque où l'on a célébré à grand fracs le dixième anniversaire de la disparition de Jean-Paul Sartre, penseur engagé s'il en fut, et où le rôle des intellectuels dans la cité est plus que jamais remis en perspective, il est indispensable de connaître Maurras. On peut ne pas partager ses idées : encore faut-il les connaître et aussi savoir quelle en fut la « préhistoire ». Une réflexion sur les rapports de la pensée et de l'action est plus que jamais indispensable, même si elle aboutit à une critique de la démarche de Maurras et surtout des maurrassiens. On peut aussi se poser la question de savoir ce qu'il serait advenu de l'oeuvre littéraire de ce jeune poète provençal s'il n'avait été saisi par le démon de la politique. Quant à l'homme, ce livre prouve que nous le connaissons mal. Il mérite mieux que l'adulation de ses disciples et…