A vrai dire, pas grand chose. Moins que je l'aurais cru en tout cas, comme en atteste la Renaissance de Q-Tip (album de l'année ironiquement détrôné par Let The Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel peu après) dont je connais tous les recoins à moins d'un semestre de sa sortie. Revenons sur les albums que l'on écoute toujours, Oracular Spectacular des MGMT en tête, un enregistrement qui détenait définitivement le potentiel de devenir celui d'une génération. Pourquoi ça ne c'est pas fait ? La faute à son surpuissant single Electric Feel je pense, dont les gens se sont gavés/lassés avant d'avoir découvert la vraie perle Time to Pretend. Autre disque-concept, 808s & Heartbreak se révéla finalement l'enregistrement le plus abouti et influenciel de 2008–un réel indispensable, brut, violent et impressionnant dans la largeur du terrain qu'il couvre, confirmant la versatilité des talents de Mister West. Les essais Atlas Sound/Deerhunter, ultimes moments marquants de 2008, réaffirmèrent la place primordiale du groupe dans la sphère musicale d'aujourd'hui… et c'est tout.
“La récente reconstitution des My Bloody Valentine préfigurerait-elle un nouvel âge d'or de la musique ?”, s'interrogea-t'il sur une série de génuflexions.
Quatre autres disques essentiellement guitar-driven tournent encore parfois chez moi : Modern Guilt (Beck), dont la relative monotonie prit au fil des lectures des allures de véritable véhicule politique, puis les crus Bon Iver, The Do et Fleet Foxes, trois valeurs sûres folk/indie de l'année passée ; si j'en suis moins amoureux qu'à leur sortie l'annonce de suites renouera probablement les liens entre nous (la musique et moi, c'est une grande histoire). Quant au hip-hop… le désert. Ah non, y avait les beats-rêveries de Madlib sur la sortie de Badu qu'on survole de temps en temps, le Lil Wayne un peu longuet mais sympathique, les géniaux (non, sincèrement) Aftathoughts Volume 1 d'Afta-1, Repaint Tomorrow de Fat Jon et Unfold de Kawamura respectivement écoutés par personne, dégun et l'un de leur synonymes, et les fonds de tiroirs outre que tombés de Jay Dee récupérés par son frère dont tout le monde se fout royalement. Sur qui compter pour 2009 alors ? Sur le Wu madafakaz ! Yo, word is bond, ils vont tenter un album sans RZA pendant que ce dernier ambiancera Inglorious Basterds et le bâcler comme des merdes, knowhamsayin ? A ce moment-là c'en sera officiellement (important, l'officiellement) terminé des carrières solo de Mef et GZA, le premier envisageant toutefois la réalisation d'un Blackout 2 en collaboration avec Redman le médecin rouge. Raekwon par contre devra assurer pour la séquelle d'Only Built 4 Cuban Linx –j'ai très bon espoir, et Ghost continuera sa petite carrière d'outsider intouchable et les invitera tous se faire outshiner sur un probable Fishscale troisième.(s'il vous plaît mon dieu, faîtes que ce soit la pochette définitive)
Revenons-en à 2008. J'ai depuis décembre fait quelques découvertes valant la peine d'être mentionnées, British Sea Power par exemple dont l'essai de l'année dernière (troisième en tout), Do You Like Rock Music ?, plaira je pense à tous les amateurs éclairés de post rock— celui-ci se rapprochant plus du shoegaze que du metal. Gros riffs tout le long donc, doux et arrangés en symphonies déconstruites, portés par une voix pas forcément mémorable mais bien sentie. Ecoutez ci-dessous Waving Flags, l'un des singles du disque aux accents de Rush of Blood to the Head, et préparez vous à réitérer l'opération vraiment, vraiment souvent :
L'éponyme de Glasvegas se situait justement à la lisière des BSP et des Fleet Foxes, si tant est qu'une si somptueuse lisière existe. Je l'aimais beaucoup au début mais m'en suis un peu lassé, problème à une répartition des pistes mal pensées. Schématiquement, on a droit à cinq pistes de moins en moins inspirées, jusqu'à ce que le groupe impose graduellement une ambiance plus nuancée, moins reposée sur les guitares ; en fait la huitième piste reprend non sans succès l'infatiguable Sonate au Clair de Lune de Beethoven en y ajoutant énormément d'écho (deux interprétations, l'une dans une clé inférieure à l'autre, me semble superposées) et un monologue inquiétant. A partir de là, l'album est un pur bonheur, sans aucun doute parmi ce qui se fit de mieux depuis des mois. Voici le neuvième et avant-dernier morceau, S.A.D. Light :
Pour conclure avec le genre, j'ai pu découvrir au hasard d'un blog hors-la-loi le self-titled de Pyramids, probablement l'album le plus étrange que j'ai jamais écouté, taggé 'Trucs/machins' sur iTunes aux côtés de Music For Airports, Music Has The Right To Children et Music Tapes for Clouds and Tornadoes (par coïncidence, ils ont tous 'music' dans le titre, probablement pour rappeler à l'auditeur la nature première de ce qui envahit ses tympans).
Je l'ai téléchargé parce que j'aimais bien la pochette, qui représente des cerfs dont les bois sont liés par des espèces d'abstractions géométriques colorées, enfin vous avez l'image à gauche là. Le produit sonore, particulièrement complexe et chargé, pourrait si je voulais vous voir fuir être décrit comme une fusion de metal de shoegaze et d'ambiant, mais je vais plutôt le qualifier de bordel auditif, de vrai massacre extrêmement dense, simultanément profondément viscéral et intellectuel. D'expérience à vivre en tout cas, dont vous ne vous rappelerez pas un seul moment mais qui marquera votre esprit du sien. A streamer chez Pitchfork (arrêtez-vous après 1-2-3, les tracks suivantes sont tirées d'un album remix puant), qui ont tout comme moi (et Kitsune Noir ce matin) retapé leur maquette récemment.Bon, ça fait une heure que j'écris et ça commence à me gonfler. Bon Vampire Weekend !