Session du Conseil régional du 13 mars 2009
Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s collègues,
L’annonce de la fermeture du site Continental de Clairoix est emblématique d’erreurs répétées et de mauvaise gouvernance, des dérèglements de l’économie pour lesquels nous n’avons pour l’instant malheureusement pas encore de réponse satisfaisante.
Je regrette notamment que ni l’Etat, ni l’Europe n’aient encore pris les dispositions qui s’imposent pour défendre l’économie réelle, notamment à travers une véritable politique industrielle à l’échelle européenne.
Certes il y a le plan automobile, certes il y a la volonté affichée de soutenir les commandes de l’aéronautique, mais cela n’est pas suffisant pour remettre l’économie sur ses pieds, sur ses deux pieds.
Il faut à la fois plus de consommation et plus d’investissement.
Plus de consommation parce qu’on ne peut pas durablement vivre avec un marché intérieur qui s’atrophie et une population intérieure qui se paupérise.
Plus d’investissements parce qu’un ne peut pas consommer sans produire.
Produire autrement, en respectant les salariés et les générations futures, anticiper les mutations pour construire un modèle européen d’économie sociale et environnementale dont le monde a besoin.
Cela suppose d’encore plus innover, d’encore mieux mobiliser les compétences, de basculer plus vite dans la société de la connaissance.
Mais nous ne pourrions rien faire si nos usines ont disparu, si les savoirs faire individuels et collectifs sont dispersés. Sauver notre appareil industriel est une priorité nationale.
Pour celles et ceux qui y travaillent, mais au-delà pour l’indépendance de notre pays et la préservation de son modèle social qui ne pourrait résister à un déficit commercial toujours plus grand.
Cela suppose un big-bang économique européen, un autre rapport à la monnaie, et un nouvel équilibre entre le marché et l’intérêt général représenté par les Etats et les collectivités publiques.
C’est toute la question que nous pose CONTINENTAL.
Il est scandaleux qu’une OPA calamiteuse se traduise en destruction d’outils de production, qu’après avoir ruiné les ménages américains, mis en péril le système monétaire international, et bénéficié du concours massif des Etats, des banques, car c’est encore d’elles dont il s’agit, puissent encore jouer au Monopoly avec l’avenir des salariés.
De nouvelles règles s’imposent et d’urgence, et il appartient aux Etats de les mettre en œuvre, comme ils l’ont fait pour assurer le sauvetage du système bancaire.
A défaut de nouvelles règles, il nous appartient d’utiliser tous les moyens pour combattre ce scandale.
C’est le sens du rapport que je soumettrai à votre délibération ce matin pour me faire, j’en suis persuadé, le porte parole de notre indignation collective auprès du gouvernement, et m’autoriser, en votre nom, à utiliser tous les moyens pour lutter contre la fermeture du site de Clairoix.
Plus généralement vous le savez le Conseil régional se bat pied à pied pour défendre l’emploi, accompagner les entreprises et leurs salariés dans les difficultés, tout en investissant dans l’avenir.
Nous avons créé en 2006 la Mission d’Intervention Economique et Sociale, chargée d’accompagner les entreprises et salariés en difficulté.
Un rapide bilan, si vous le permettez.
La MIES agit sur trois axes : accompagnement financier, action sociale, notamment en matière de formation, et aide juridique, pour entreprises et salariés de PME, et de sites plus importants. Vous trouverez, d’ailleurs dans vos dossiers de la Commission permanente de cet après-midi, deux dossiers d’accompagnement juridique pour aider à préserver l’activité et l’emploi de deux entreprises.
En 2008, la MIES a aidé 170 entreprises, pour un total de 5 815 emplois.
L’accélération des difficultés sur le territoire national, et régional, fait que, pour cette année, depuis janvier, la MIES suit 29 entreprises supplémentaires, et 8952 salariés. Depuis le début 2009, ce sont 6875 emplois qui ont été maintenus, ou recréés.
Toutes les activités, tous les emplois, ne sont, ni ne seront préservés, mais, au jour le jour, la Région soutient les salariés, les chefs d’entreprise, et agit concrètement sur le terrain.
Vous le savez, dès que les conséquences de la crise ont commencé à se faire sentir sur l’économie réelle, la Région, avec ses partenaires, a immédiatement mis en place une structure de conseil, d’accompagnement et d’appui financier aux entreprises en difficultés conjoncturelles.
A ce jour, l’ensemble des partenaires du dispositif ont reçu 750 appels d’entreprises. La structure opérationnelle du Conseil régional a, quant à elle, été contactée par 190 TPE, PME et exploitations agricoles. Depuis le début de l’année 2009, la Région a garanti, à parité avec OSEO, un volume de 3M€.
Nous avons aussi parallèlement accéléré nos interventions dans les domaines de la recherche, de l’innovation et du transfert technologique.
De tout cela je vous propose que nous reparlions à l’occasion d’une session extraordinaire du Conseil régional à laquelle je souhaite convier M. le Préfet et M. LE Trésorier payeur général dans le mois qui vient.
Mais sans attendre je veux d’ores et déjà vous annoncer que j’ai pris l’initiative de mobiliser nos moyens en formation professionnelle pour favoriser toutes les fois où c’est possible les solutions de formation contre le chômage partiel.
L’intervention de la Région se fera en étroite concertation avec les partenaires sociaux, entreprise par entreprise, sous notre contrôle. Il est évidemment hors de question de faire un chèque en blanc à quiconque.
Il s’agit de favoriser la mise en place de plans de formations rémunérées à la place de licenciement ou de chômage partiel, pour les salariés les plus exposés du fait de la faiblesse de leur qualification, dans des entreprises dont la baisse d’activité est susceptible de menacer la pérennité d’un site, ou pour celles qui se restructurent pour faire face à la crise avec le souci de préserver l’emploi.