Le déploiement a ainsi commencé comme en témoigne les premières images datant de mars 2009 et le communiqué de presse de la RATP.
"Le 28 janvier 2009 – Metrobus (membre du G.I.E. Media Transports, leader européen de la publicité dans les univers du transport) et la RATP confirment le déploiement de 400 mobiliers de communication numérique dans le métro-RER d’ici la rentrée."
Le principe de ces panneaux publicitaires d'un nouveau genre est de proposer aux annonceurs des espaces publicitaires numériques capable de remplacer les affiches traditionnelles, de mesurer l'audience et de développer l'interactivité avec les usagers
qui indiquent des signes d'intérêts pour une publicité affichée.
Le panneau publicitaire se trouve en effet équipé de capteurs (caméras) installés dans le système qui ont pour vocation de détecter les visages qui sont orientés vers l'affiche, de comptabiliser le nombre de passages et le temps d'exposition.
A cela s'ajoute un système communicant bluetooth qui permet à l'affiche de délivrer un message d'information ou un contenu multimédia sur le téléphone mobile de l'usager qui serait intéressé par l'affiche publicitaire.
Voici une vidéo montrant à quoi ressemble ces fameux panneaux numériques:
Panneau publicitaire vidéo de Métrobus (RATP)
envoyé par saillans
Norbert Maire, directeur de l'innovation de Metrobus, se félicite de "l'engouement des annonceurs pour ces espaces" qui provoquent aussi l'émoi de certains.
La RATP, Métrobus et la société qui fournie la solution Majority Report sont effectivement attaquées en justice par un collectif d'associations anti-pub et contre toute atteinte à la vie privée des usagers. Les politiques ne sont pas en reste sur cette question qui touche aux libertés publiques comme l'illustre le propos de la députée Mme Martine Baillard.
"Nous voulons obtenir que le juge désigne un expert pour faire ouvrir les panneaux et analyser tout ce qu'il y a à l'intérieur", a expliqué à l'AFP David Sterboul, militant de Résistance à l'agression publicitaire (Rap), l'une des associations.
"Le fait qu'il y ait des capteurs, c'est une intrusion, et le pire, c'est le bluetooth, parce que c'est une publicité particulièrement envahissante", a précisé à l'AFP Charlotte Nenner, présidente de Rap, en référence à la possibilité pour ces écrans de communiquer avec les téléphones portables des passants.
"C'est orwellien, juge la députée Verte Martine Billard, la RATP utilise le réseau de transport public pour vendre les usagers à des sociétés de publicité." "Ce n'est pas son rôle", poursuit l'élue.
Il est vrai que la présence de caméra et la diffusion de messages intrusifs via bluetooth peuvent faire débat.
La CNIL (Commission Nationale Informatique et Liberté) a ainsi indiqué qu'elle désapprouvait l'envoi systématique de messages. Elle ajoute que le système devait recueillir le consentement des utilisateurs avant de communiquer avec les usagers. La CNIL a par ailleurs déjà avertit la RATP avec la mise en place du pass Navigo.
La carte Navigo rappelons le, est équipée de la technologie RFID (radio fréquence identification) qui communique avec les portiques du métro ou les bornes des bus parisiens pour autoriser l'accès au transport.
Pour disposer de cette carte qui met définitivement au placard la vieille carte Orange, les clients doivent communiquer à la RATP des informations personnelles à des fins "commerciales et de prospection", précisent les conditions générales d'utilisation.
La CNIL demande à la RATP (une entreprise publique) de délivrer des cartes Navigo "anonyme" au sens où les données collectées seraient confidentielles et non revendues à un tiers.
Mais que dirons-nous quand les puces RFID seront directement intégrées dans les téléphones mobiles ??
Personnellement, je trouve que la RATP agit d'une manière choquante. Je comprends tout à fait les craintes des collectifs et des responsables politiques vis-à-vis de ces sujets qui concernent les libertés fondamentales.
Le progrès technologique ne va pas effectivement sans risque. Nous assistons si nous y prenons garde à un flicage systématique des faits et gestes de tout un chacun...si ce n'est pas déjà le cas!
Il est étonnant qu'une entreprise publique de surcroit, décide seule d'exploiter les données de ses clients sans que ces derniers puissent au moins refuser la commercialisation de leurs informations personnelles... en sachant de plus que si on habite la région parisienne, la RATP est pratiquement incontournable pour se déplacer... Il n'y plus de choix possible, il faut accepter!
Il est regrettable qu'il n'y ait pas eu de concertation avec les élus, les associations ou des collectifs d'usagers de la RATP si ces derniers existent...avant le déploiement de la solution.
Encore une fois la sensibilité des utilisateurs a été ignorée! Ce n'est pas une bonne démarche métier. Le travail d'ingénierie ne doit pas se résumer à la technique mais aussi comprendre l'environnement dans lequel il doit opéré. Certains parlerons d'éthique, moi je propose la compréhension des enjeux lors de la mise en œuvre de ce type de technologie.
Sur le plan de la communication, l'effet est désastreux pour la RATP et jette un voile de méfiance sur la technologie qu'elle veut utiliser!
Je pense qu'il y a des solutions pour la mise en pratique de ces nouvelles technologies afin que tout le monde puisse y trouver son compte dans le respect des libertés individuelles.
Sans cela, nous ne pouvons pas parler de progrès! Qu'est-ce qu'une société en situation de monopole qui impose à ses usagers le flicage des déplacements à des fins commerciales ? réponse : le début d'une dictature numérique !
D'autres exemples existent aux Etats-Unis et au Canada...nous avions évoqués quelques exemples (Pepsi libère des bulles mobiles!), mais je ne sais pas quelle a été l'ampleur de la polémique vis à vis de ces sujets...Il est vrai aussi qu'en France la culture du consensus n'est pas une approche naturelle.
Le tribunal de Paris est donc saisi de ces questions et devrait apporter des réponses durant le mois d'Avril.
A suivre...
Sources Le monde.fr & RATP & MetroBus.