Hadopi pomme d'api

Publié le 13 mars 2009 par Chroneric

Ou pomme de discorde. Cette loi Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet) fait des remous aussi bien chez les internautes que chez les élus (internautes par ailleurs). Le chiffre d'affaires des producteurs et diffuseurs de créations artistiques, des auteurs et interprètes, diminue et cela les inquiète. Alors, ils accusent les internautes d'écouter ou de visionner musiques et films sans avoir débourser un centime. Pour le lien de cause à effet, ce n'est pas certain.

La loi a donc été enrichie pour protéger tous ces artistes et leurs producteurs. En résumé, en qui consiste cette loi ? Pour faire simple, elle détermine un processus de lutte contre le piratage. D'abord, un courrier électronique est envoyé à l'internaute pour lui signifier que ce qu'il fait est mal et qu'il risque gros. S'il continue malgré tout, c'est une lettre en recommandé qui parviendra dans sa boite aux lettres. Enfin, s'il s'entête à poursuivre ces activités de vol, il risque la suspension de son abonnement pour une durée variable. Toute la polémique repose sur cette dernière disposition. Les opposants crient au scandale, à la privation de liberté.

Mais dans les faits, comment cela va se passer. Il est clair que le courriel et le recommandé ne vont pas dissuader tous les pirates. Un certain nombre va passer outre. Les autres, plus rusés peut-être, trouveront d'autres solutions de contournement, car elles existent déjà ! Notamment, l'enregistrement des chaînes de télévision musicales (nombreuses sur le câble et le satellite) et des radios. Il en existe une autre plus simple mais je ne la dévoilerai pas, gardons un peu de mystère. Quand vient l'épisode de la suspension, ça se complique. D'abord, pour ceux qui ont la télévision et le téléphone compris dans l'abonnement, c'est pour l'instant techniquement impossible de suspendre l'abonnement sans tout couper : plus de télévision et plus de téléphone, l'internaute est coupé du monde. Ensuite, quel est l'intérêt du fournisseur d'accès ? Fidéliser et conserver ses clients ou contribuer à la création artistique, qu'est-ce qui lui rapporte le plus selon vous ? Ira-t-on jusqu'à interdire au contrevenant, qui souhaite résilier alors son contrat, de s'abonner chez un autre fournisseur ?

Cette polémique a vu aussi naître l'émergence d'un nouveau dialogue. Nos élus et nos gouvernants emploient des mots forts pour s'impliquer dans le débat et montrer aux électeurs que l'on se sent impliqués et outrés. Christine Albanel a réagi et montré son indignation : "la caricature affreuse faite en comparant l'Hadopi à une antenne de la Gestapo", "Vous présentez cette haute autorité comme une instance policière, dangereuse qui veut attaquer les libertés, c'est honteux". Dans l'opposition, on ne donne pas sa part au chien : "Vous ne vous comportez pas en ministre de la culture qui doit être aussi celui des libertés", "Jamais nous n'avons assimilé le président à un dictateur", "le dispositif bafoue le droit à la présomption d'innocence", texte "insupportable". Bref, tout le monde s'en donne à cœur joie.

Mais c'est du folklore, du spectacle, le problème de fond réside. Ce n'est pas avec des noms d'oiseaux que le piratage sera freiné. Freiné, car je reste persuadé que ce phénomène perdurera au-delà des lois et des sanctions. C'est comme le trafic de drogue : arrêtez un dealer ou un trafiquant et il sera aussitôt remplacé. Car la problématique finale posée est finalement toute bête : cette loi va-t-elle relancer le marché de la musique et du cinéma ? La vente de CD et DVD va-t-elle connaître un nouvel essor ? Bien malin celui qui peut répondre à cette question ! Pour ça, la question du prix reste posée. Le juste prix pour un disque. Un prix en adéquation à la qualité et au coût de production (inférieur à 1 euro pour un fabricant de produire un CD ou un DVD standard). Il y a toutefois des exceptions. Cette semaine, j'ai fait mes courses et le magasin proposait des DVD à 1 euro (la vente à perte étant interdite…). Mais en regardant de plus près, le choix était limité et les films, des navets inconnus au bataillon !

Ne serait-ce pas plus simple que ce soit les professionnels qui s'adaptent aux consommateurs et non l'inverse ? A l'instar des pirates du XVIIème siècle, ceux du XXIème feront encore longtemps parler d'eux.