Port Royal, Jamaique,
1708... 1
Six navires pirates s'apprètent à participer
au Grand Défi, une course autour de l'île au
terme de laquelle est annoncé vainqueur, l'équipage ayant amassé dans ses cales le plus d'or. Cette compétition veut fêter le trentième
anniversaire de la nommination de cet ancien pirate2 de Sir Henry Morgan au poste de Gouverneur de la Jamaïque en
février 16783. C'est le départ de ce Grand Défi que vous vous apprèter à prendre en ouvrant la superbe boîte,
façon coffre à trésor, du jeu de plateau Jamaica, édité en 2007 chez GameWorks.
Imaginé par Malcolm Braff, Bruno Cathala
et Sébastien Pauchon,
Jamaica propose à
2, jusqu'à 6, joueurs d'embarquer sur le pont d'un de ces vaisseaux battant pavillon noir pour voguer au large des côtes jamaïcaines. Chaque joueur incarne un ou une pirate parmi 6 figures de la piraterie qui ont, qui plus est, réellement écumé les océans en ce début de
XVIIIème siècle : Anne Bonny (1697 - 1722†), Mary Read (1720†), Samuel 'Black Sam' Bellamy (1717†), John 'Calico Jack' Rackham (1720†), Olivier 'La Buse' Levasseur (~1680 -
1730†) et Edward 'Barbe Noire' Drummond (~1680 -
1718†). Levant l'ancre à Port Royal (future Kingston) chaque équipage charge ses cales en
doublons4, en nourriture et tonneaux de poudre, pour une course folle parsemée de trésors (dont certains
sont de véritables malédictions!), tempètes et autres combats... de dés evidemment ! Outre des vents favorables, des batailles remportées ou des butins dénichés sur une île pirate, il faudra également user de malice, de ruse, de stratégie, d'une gestion judicieuse des ressources et de calculs d'apothiquaire pour espérer remporter
l'épreuve. Le Grand Gagnant du Grand Défi sera celui qui, à la fin de la course (fin déclarée lorsqu'un premier concurent arrive à Port Royal),
possèdera le plus d'or dans ses cales. Les derniers ne seront-il pas un jour les premiers !...
Les premières brasses à peine parcourues à peine et dèjà Jamaica met les
méninges à contribution et révèle le forban qui est en chacun de nous. Il faut avouer que l'esthétique et le design du jeu aide beaucoup à l'imagination ! La boîte de rangement, très bien pensée
et des plus soignées, renferme un matériel à la finition impeccable. Le travail d'illustration réalisé par Mathieu 'Ani' Leyssenne est tout simplement époustoufflant et splendide. Et si celà ne suffisait
point, l'artwork réserve même quelques surprises démontrant encore un peu plus le soin apporté à ce dernier : les cartes action, communes à tous les personnages, forment mises bout à bout -et
dans le bon ordre (!), une magnifique frise comtant une histoire de pirates...
Si Jamaica est jouable dès 9 ans, il faut tout de même se pencher attentivement sur la belle régle du jeu, quelque peu encombrante,
seul minuscule défaut de l'ensemble. Après quelques tours, les mécanismes du jeu maîtrisés, Jamaica promet de bons moments entre Sisters et Brothers, instant qu'il convient de passer au son de notre musique
préférée, évidemment ! A ce propos, et parce que ne manque pas une occasion
de trouver du Reggae là où il n'y en aurait pas !, notre musique chérie s'est bien sûr inspirée de la piraterie dans certains de ses titres ou pochettes d'album à l'image de ce Pirates choices, compilation
sortie sur Studio One en 1981, qui entre nous n'a de pirate que le titre et l'artwork ! Entre un Prince Far I, sur Head of buccaneers,
faisant un parallèle entre Morgan et le gangster Ryghing qui deffraya la chronique
yardie à la fin des 40's, et autres The Skulls dénonçant les faits d'armes de Morgan et Francis Drake avec
Black slavery days, vous propose de retrouver à l'écoute The Viceroys avec Ya ho
enregistré en 1979 à Studio One, reprise d'un classique des ponts et navires pirates, morceau tiré de Slogan on the wall sorti sur Vice Music en
2003.
[en écoute sur RBRSelection... : The Viceroys - Ya
ho]
Jamaica est un jeu véritablement à découvrir et à partager...
1 En 1708, Port Royal n'éxiste plus ! Le 7 juin 1692, un tremblement de terre détruisit la ville portuaire, es deux tiers de laquelle passant sous le niveau de la mer. Après cette
catastrophe, l'activité commerciale de l'île se déplaçe en 1693 à proximité dans la ville de kingston qui devient la capitale administrative de la Jamaïque en 1872
2 Morgan était plus exactement flibustier. Apparus au cours des années 1630, des aventuriers anglais,français, hollandais sans foi ni loi s'organisent afin de combattre sur les mers le joug ibérique, qui a, à cette époque la main mise sur les Amériques. Naissent ainsi les flibustiers (de l'anglais free-booter signifiantcelui qui fait la guerre dans le seul but de piller), voleurs, pilleurs, violeurs et autresjoyeusetés dont la Jamaïque devient le point névralgique... Au cours des campagnes maritimes pugnitives de plusieurs moisqu'ils nommaient eux-mêmes courses, ces terreurs des mers attaquaient principalement les navires battantpavillonespagnol sous couvert de commission, une autorisation écrite émanant d'une haute autorité donnant toute légitimité à leurs actions. Né en 1635 au Pays de Galles, Henry Morgan arrive sur l'île et intègre tôt le cercle des flibustiers dont il va devenir un des chefs. Véritables terreur des équipages espagnols, il écume lesmers chassant les bateaux chargés d'or s'en retournant en Europe. Après avoir convaicus d'autres chefsflibustes c'est sur terre que Morgan remporte Panama pour le compte de l'Angleterre en 1671. En dépit d'accusationset d'incarcération pour détournement de butin, il est anobli en 1675. Sir Henry Morgan meurt en 1688 à Port Anderson en Jamaïque. InThibault Erhengardt, Histoire ancienne de l'île de la Jamaïque,de 1494 à 1838, Éditions Natty Dread, CollectionJamaica Insula, février 2009.
3 Selon Thibault Erhengardt, Morgan aurait effectué l'intérim au poste de Gouverneur de la Jamaïque en avril 1978 entre le sortant, Lord Vaughan et le remplaçant, Lord Carlisle. In Histoire ancienne de l'île de la Jamaïque, de 1494 à 1838, Éditions Natty Dread, Collection Jamaica Insula, février 2009.
4 A l’époque de la conquête du Nouveau Monde et de ses
réserves d’or, c’est l’Espagne qui impose à partir de 1497, sa monnaie d’or dans les échanges outre-Atlantique : le doublon. Le mot vient de l'espagnol "doblón", qui signifie "double". Il
s'agissait d'un double écu (escudo) ou un d'une monnaie d'or de 32 reales. Les Doublons ont été frappés en Espagne, au Mexique, au Pérou et dans la Nouvelle Grenade. En Espagne, les doublons ont
circulé de façon ordinaire jusqu'au milieu du 19ème siècle.