7 listes sur huit de validées, constitue malgré tout une réussite pour Martine Aubry et un désaveu clair à l’égard de Gérard Collomb qui avait pris la tête de la fronde contre la rue de Solférino. Le maire de Lyon a largement été désavoué sur ses propres terres. Dans le Sud-Est, la liste emmenée par Vincent Peillon, dont le “parachutage” avait été fustigé par M. Collomb, l’aurait emporté avec 75% des voix.
Gérard Collomb ne peut se consoler en s’attribuant la victoire du non dans la circonscription Centre. Si les militants du Limousin rejettent un certain parisianisme, ils ne portent pas plus dans leur cœur la féodalité incarnée par le grand élu Lyonnais. La liste de la grande région Centre, conduite par Henri Weber, a été rejetée avec un écart de 300 voix en raison du seul vote négatif de la région Limousin, où la participation a été supérieure de 20 points à la moyenne nationale.
Ce n’est pas parce qu’ils sont numériquementpeu nombreux que les militants du Limousin ont politiquement tort. Le principal reproche adressé à la direction du parti c’est d’avoir sacrifié un équilibre régional au profit d’un équilibre de courants au sein du parti. En clair, sur les trois régions qui composent la circonscription Centre, seul le Limousin ne disposait pas de candidat en situation éligible. Peu importe la personnalité de celui-ci. Les Limousins veulent leur représentant.
Nul n’ignore que Jean-Paul Denanot ne présente pas le profil idéal en raison essentiellement d’une aptitude au cumul indécent. Suite à l’élection de Bernadette Bourzai au Sénat en septembre 2008, Jean-Paul Denanot, qui la suivait sur la liste socialiste des élections européennes de 2004, était devenu député européen, tout en conservant son siège de président du Conseil régional
La direction nationale avait justement avancé la règle du non-cumul des mandats pour écarter la candidature de M. Denanot. Comment dans ce cas expliquer que cette règle n’ait pas été appliquée de la même façon au représentant auvergnat, M. Calmette, le maire d’Aurillac (15) ?
Les explications selon lesquelles le mode de scrutin actuel n’est pas satisfaisant et qu’en fait il s’agit un accord national plaqué sur des circonscriptions artificielles n’auront pas suffi à faire retomber le sentiment d’humiliation à l’égard d’une petite région traitée, de fait, différemment des autres.
A l’origine du désordre, “le parachuté” Henri Weber a déclaré à l’AFP qu’il resterait tête de liste mais qu’il fallait “tenir compte de la volonté des militants du Limousin de figurer en bonne place sur la liste” qui doit “être remaniée“. “On va discuter avec la région. On va regarder la situation telle qu’elle se dessine dans sa globalité“, expliquait pour sa part Christophe Borgel, secrétaire national chargé de la vie des fédérations et des élections.
La balle est en effet désormais dans le camp de Mme Aubry qui jusqu’à présent avait fait le dos rond face aux mécontentements, imputant ceux-ci aux déceptions de certains élus de voir leurs favoris écartés. Juridiquement, les statuts du PS devraient permettre de surmonter l’obstacle. Les listes seront en effet entérinées le 21 mars par une convention nationale, souveraine en dernier ressort. En 2004, toutes les listes socialistes avaient été entérinées par les militants, même si une région, la Lorraine, avait déjà voté contre.
A la surprise générale, Martine Aubry a trouvé mercredi un appui de poids en la personne de Ségolène Royal qui a demandé que l’on mette fin aux “zizanies”.