Résumé : Out of (South) Africa… Un premier roman du retour au pays natal. Flash back sur les années 30, l'amitié de deux petites filles insouciantes, l'une blanche, l'autre noire, jusqu'au drame qui signera leur séparation déchirante.
Le parcours de C. King et M. Dlamini est différent mais fortement lié. La première est la fille du propriétaire de la ferme de Hébron, et la seconde est la fille de la cuisinière noire. En 1931, Catherine quittte la ferme avec sa mère, après une trahison de son père. Elle y revient après la mort de celui-ci et s'éprend du propriétaire T. Fyncham, installé avec sa femme Isobel. Suspense, intrigues familiales et amoureuses mêlées, grands espaces, nature flamboyante, sauvage et sensuelle, ajoutés à une écriture mélodieuse, toute en nuances font de ce premier roman un chef d'oeuvre.
Roman du retour au pays natal, de la trahison et de la réconciliation.
Mon humble avis :Wouahou.... Je n'en reviens toujours pas ! Il y a si longtemps que je n'ai pas lu un tel livre ! J'en suis encore toute émue, toute chamboulée et aussi, paradoxalement, toute apaisée et sereine. Ce livre vous rend ainsi. Pourquoi ?
Je connaissais l'expression "salle des pas perdus" mais voulais y mettre un sens précis. Le dictionnaire donne cette définition : lieu où l'on attend d'être reçu (se dit souvent pour les gares, les tribunaux...)
Mais parlons du livre... Tout d'abord, il commence par "presque" la fin. Donc des les premières pages, l'auteure nous capture dans son histoire. Forcément, on veut savoir quel sera le tout dernier dénouement et les méandres qui y auront menées nos deux héroïnes.
Pour cela, une histoire qui se déroule sur une soixantaine d'années (avec d'énormes raccourcis !). Des phrases courtes comme un coups de vent et qui parfois s'allongent comme une bise, mais toujours dans la douceur. Pas une scène scabreuse, pas une once de vulgarité dans le texte. Une écriture qui se lit avec autant de plaisir et de délectation que ce suit le lit d'une petite rivière. Comme c'est agréable et rare !
Il règne de véritables climats dans ce roman. Je dirais un climat "climatique", très bien rendu par les descriptions de fraîcheur, de chaleur, de moiteur, d'orages qui accompagnent l'action du livre dans un autre climat, celui d'une ambiance de plus en plus mystérieuse et mélancolique mais aussi, de plus en plus oppressante dans certaines scènes ou rebondissements totalement inattendus. Ce roman n'est pas un polar et pourtant le suspens est implacable de la toute première à la toute dernière page. Il mène à une fin que le lecteur ne pouvait imaginer et n'oubliera jamais, surtout s'il se fie à la quatrième de couverture. Les trahisons et les réconciliations ne situent pas forcément là où l'on pensait les trouver.
J'ai beaucoup aimé aussi les passages écrits en italique. Très poétiques, voire lyriques, ils évoquent des souvenirs de jeunesses communs aux deux amies, des rêves prémonitoires, des visions, une espèce de communication par télépathie entre les deux femmes, des envies si fortes que nos héroïnes finissent par les rendre réelles... peut-être... Ça, c'est à chaque lecteur de choisir ce qu'il veut voir dans ces passages très oniriques.
Bien sûr, Rosamund Haden évoque discrètement l'appartheid (l'histoire se déroule en Afrique du Sud), juste en toile de fond. Et c'est bien ainsi. Elle rappelle que cette ineptie avait court à l'époque mais n'en fait pas le sujet de son roman, qui serait alors un énième roman sur l'apparthied. Par contre, elle insiste logiquement sur le racisme et le comportement immonde des riches propriétaires face à leur personnel de couleur. Ainsi, ce livre aurait pu prendre place dans n'importe quel pays.
Oui, n'importe quel pays, puisque les sujets de l'amitié inébranlable à travers le temps, le retour au source, la trahison, l'amour, le pardon sont universels.
Universel...c'est donc aussi le mot a apposer à côté de ceux qui qualifient indubitablement ce roman : chef d'oeuvre.
Livre lu dans le contexte
D'ailleurs, demain, je vous publie une chanson dont la mélodie et certains mots vont suivent parfaitement le ce livre.
L'avis séduit de Belledenuits, mitigé de Karine