Avant de vous parler de la protection des œuvres, j’aimerais tout d’abord illustrer mon propos par une mésaventure qui m’est arrivée il y a deux ans et dont j’ai découvert l’issue finale en parcourant un journal gratuit dans le TER en début de semaine. Il ya deux ans donc, je me consacrais à plein temps à une mes activités favorites : l’écriture et plus précisément l’écriture scénaristique. A l’époque, je venais d’essuyer le refus poli (mais jamais circonstancié) de plusieurs chaînes de télévision et de diverses sociétés de production à un projet de série humoristique. Qu’importe, après avoir coécrit pas moins de vingt épisodes, l’exercice avait été bénéfique en termes d’imagination et de méthode. Aussi, je décidai de ne pas me contenter d’écrire mes propres histoires mais de prêter ma plume à des projets de séries télévisuelles. C’est ainsi que je répondis à un appel à projet pour une série destinée au ados et jeunes adultes. Le concept était relativement clair, les personnages et le fil conducteur définis, il ne me restait plus qu’à affiner la psychologie de chaque personnage, dérouler un enchevêtrement d’intrigues propre à tenir le téléspectateur en haleine pendant une saison, le tout traduit en dialogues percutants. Si le sujet ne m’enthousiasmait guère au début, je pensais devoir me plier à ce genre d’exercice imposé pour faire mes preuves. Je commis cependant l’erreur de ne pas protéger mon travail, pensant que je ne pouvais de toute façon revendiquer des droits d’auteurs sur un concept qui n’était pas le mien. Ma naïveté était d’autant plus coupable que le commanditaire (dont je tairai le nom par charité républicaine) n’était pas inconnu des milieux scénaristiques, et jouissait d’une réputation sujette à caution. Je communiquai directement avec lui pour m’assurer des ses (bonnes) intentions. Et puis après avoir envoyé mon travail, il se passa ce qu’on m’avait prédit qu’il se passerait avec cet individu. Je n’eus plus aucune nouvelle. Messages, menaces, rien y fit. Je passai donc à autre chose.
Lundi dernier, en parcourant un quotidien gratuit, je tombai sur un article annonçant la sortie d’un nouveau « pop soap » français. Je reconnus immédiatement le sujet du projet auquel j’avais travaillé pour des prunes. Et sous l’article en question qu’elle ne fut pas ma surprise de lire un entrefilet au sujet de l’auteur du concept, mon commanditaire de l’époque, se plaignant d’avoir été remercié par la société productrice de la série après le tournage du pilote. M6 aurait donc décidé de revoir le projet de bout en bout et de se passer de l’équipe (j’apprends alors qu’ils étaient plusieurs) initiale au profit d’un projet plus proche de « Plus belle la vie » que du concept original que le commanditaire qualifiait dans l’article d’avant-gardiste et bourré d’humour (ça m’avait franchement échappé à l’époque). En lisant ces lignes, je ne pu réprimer un « Bien fait pour sa g…. » intérieur.
Ma curiosité était donc suffisamment piquée pour me planter devant ma télé à 17 heures et me rendre compte dans quelle mesure mon commanditaire s’était à son tour fait piquer son travail par moins scrupuleux que lui. Non seulement je ne trouvai pas le projet très différent du concept initial (aussi glamour qu’une andouillette – frites et mièvre à souhait), mais je le trouvai même carrément très proche du travail que j’avais fourni en ce qui concernait les personnages et les situations.
N’ayant pas protégé mon travail je ne peux malheureusement pas prétendre à quoi que ce soit en termes de dédommagements. Ce qui me console néanmoins et me fait même sourire c’est que d’une part et à la différence de cette triste personne, je n’ai travaillé que quelques jours à ce projet tandis que lui a perdu beaucoup plus dans l’histoire. D’autre part et après avoir regardé un épisode, je suis finalement bien content que mon nom ne soit pas associé à ce « machin ».
Promis, demain je vous parle du pourquoi et du comment de la protections de vos oeuvres et de vos créations.