Ce n’est pas le bon air de la Ruhr qui me conduit à vous dire aujourd’hui quelques mots de l’un de ces bouquins sur les villes dont le destin est malheureusement de passer inaperçu avant de filer en douce au pilon. Celui-ci s’appelle « Mégapolis » et est écrit par une sociologue dont je ne connaissais pas le travail avant de tomber par un heureux hasard sur son dernier opus. Auteure d’une vingtaine d’ouvrages dont certains sont manifestement réservés à nos seuls cousins de la « belle province », ce « Mégapolis » est une formidable balade dans les grandes mégalopoles, New York, Londres, Los Angeles, Buenos-Aires et quelques autres. Loin des bouquins savants et parfois pénibles, celui de Régine Robin est avant tout la déambulation d’une amoureuse des villes, une flânerie, rassurez-vous cultivée, au-travers de ce que nos grandes conurbations produisent de pire comme de meilleur. De David Bradford, simple taxi de Brooklin au Tokyo d’Ozu, de Los Angeles, « une ville où même les pieuvres se suicident » en passant par le périphérique londonien, ce livre fourmille de détails et d’impression personnelles mais aussi, souvent par la bande d’analyses plus que conséquentes.
Croiser avec Régine Robin dans Paris, Los Angeles ou Londres ce n’est pas uniquement bénéficier de la compagnie d’un guide fiable et curieux, c’est aussi, et même surtout pénétrer dans un imaginaire cinématographique tout en relisant certaines pages des littératures d’aujourd’hui. En progressant dans « Megapolis » on rencontre l’inspecteur Bosch de Michael Connely, les photographies de Dennis Hopper, l’architecte Rem Koolhaas et son plaidoyer pour Dubaï sans oublier quelques plans de « My beautiful Laundrette », Borges, Spike Lee ou Walter Benjamin.
Ces formidables balades aux quatre coins de la planète des villes sont aussi truffées de souvenirs fugaces, de chambres d’hôtels, de bouches de métro,…