Ces jours derniers on vous en a parlé de Juarez à la télévision française. Il faut dire qu’il y a eu 2000 morts en un an à cause des gangs. Le président Calderon y a envoyé 5000 soldats la semaine dernière et les USA pourraient fournir leur aide.
Le gang, c’est vendeur ; du mec tatoué qui se tire dessus c’est glamour. Et pour arriver à parler du Mexique en France, c’est que la situation là bas a atteint des proportions inimaginables.
Et, évidemment, nos disparues de Juarez dont j’ai déjà parlé - notez que ca fait 5 ans que j’en parle en fait - on s’en fout.
18 gamines entre 13 et 18 ans ont disparu depuis 14 mois. C’est même étonnant que je puisse vous fournir un chiffre. On doit en général recouper 20 sites pour arriver à se faire une vague idée.
Il y a eu 347 disparitions de femmes l’an dernier. Le procureur général a une explication fameuse ; elles sont presque toutes parties avec leur petit copain ou en virée avec des potes. Pratique.
Ici un article explique que plus il y a des militaires pour combattre les trafiquants, plus la violence envers les femmes explose. Les militaires violent et comme ils sont protégé, les femmes n’osent pas porter plainte (et de toutes façons, ils ne seraient pas condamnés donc …).
Désolée de revenir encore sur cette histoire qui m’obsède, je l’avoue volontiers. je la trouve très emblématique du je m’en foutisme général à l’égard des femmes.
Imaginez une ville française où des centaines de femmes disparaissent ou sont retrouvées mortes dans des conditions abominables. Imaginez-vous vous promener sur les lieux du crime et retrouver des pièces à conviction que la police n’a même pas collectées.
Et imaginez un juge français vous dire “ah mais ce sont toutes des disparitions volontaires”.
Alors des rapports il y en a eu. De l’ONU. De l’UE. On a même fait un projet de rapport s’appuyant sur 20 rapports pour dire qu’il fallait faire un rapport sur le sujet.
Il y a deux jours la présidente de l’Académie mexicaine de Droits Humains, Gloria Ramirez a relevé qu’il y a eu 77 recommandations internationales au sujet des femmes et 63 au sujet des meurtres de femmes de Juarez. Elle souligne que pas une de ces recommandations n’a été suivie, que le gouvernement feint de les suivre et ment quand les organisations internationales lui demandent des comptes.
Le mois prochain le gouvernement mexicain pourrait être jugé devant une cour de justice internationale pour ne pas avoir enquêté convenablement dans ces affaires.
En février, l’ancien gouverneur du Mexique, celui qui avait dit que de toutes façons les victimes l’avaient bien cherché, a été nommé ambassadeur au Canada. les familles de victimes ont peu apprécié.
On pourrait continuer des heures ainsi mais on finirait par tomber dans un mauvais sketch.
j’ai relu il y a quelques jours, le bouquin de Maud Tabachnik, J’ai rencontré le diable en face, sur cette histoire. Lisez-le ; il est romancé mais bien documenté et s’appuie sur des faits réels.