De Noël Dolla, exposé au MAC/VAL jusqu’au 2 août, j’avais un souvenir niçois d’oeuvres simples et belles, faites à partir d’objets quotidiens auxquels il conférait une poésie légère. Et en effet, en arrivant au MAC/VAL, on est accueilli par ces torchons peints suspendus à des fils dans le jardin, clin d’oeil discret, derrière lesquels on peut voir sa petite cabane-atelier pour peintre-vulcanologue amateur, édicule coloré au bord de la chute.
Dans l’exposition même, on retrouve cette même discrétion au service de sa déconstruction de la peinture. Certains chiffons suspendus portent les noms de Chavez et d’Allende; des grands draps blancs, intitulés ‘Guerni-Gaza’ sont soulignés d’une broderie de NON rouges et bleus. Une bande rouge va du sol au plafond, tissu étroit parsemé d’oeillets. Ces oeillets trouent et ornent de petites toiles monochromes, y emprisonnant un détail, un bout de réel coincé sous eux, bout de tissu, tarlatane, plume d’oiseau ou petit graffiti (Noël, 2007, série Jeunes filles en fleur).
Plus loin, de grandes surfaces, une Palissade (1970-2009) rouge trouée comme par des balles et Silences de la fumée, une toile jaune inclinée où de légères empreintes de fumée se sont déposées, là où il met ‘le ciel à la verticale’.
Un beau travail de déconstruction et de reconstruction de la peinture, donc.
Hélas, les toiles récentes, pour certaines jamais présentées avant, marquent un retour à la composition de motifs sur une toile, sans invention, sans dérangement, et ces grandes toiles dominent l’espace (Fumer n’empêche pas de mourir à (Guantanamo), 2008). Je ne connais pas assez le cheminement de Noël Dolla pour savoir ce qui l’a conduit à évoluer ainsi, mais je me sens plus en phase avec les modestes torchons peints et les petites toiles trouées d’un oeillet qu’avec ces grands machins qui me donnent l’impression un peu triste qu’à 64 ans, Dolla le trublion rebelle s’est rangé, et que le ‘léger vent de travers’ ne souffle plus comme avant.
Citation de l’artiste : “J’ai l’habitude d’écrire gros avec ma peinture parce que le monde des conservateurs, des critiques et des amateurs d’art est atteint de cataracte”. Devrais-je changer de lunettes ?
Nombreuses photos ici. Photos de l’auteur.