Après un premier album en 2007, “So It Begins”, sous le nom de Profugus Mortis, nos joyeux drilles d’Amérique du nord ont dû changer de patronyme pour des raisons juridiques. La pochette de ce premier disque (de Blackguard) dévoile une bande de pagayeurs qui se frayent un chemin dans les airs au-dessus d’un paysage rouge sang suivies de près par un diable ailé. Curieux et délirant. On mettra ça sur le compte des breuvages que les six membres s‘enfilent avec assiduité (cf. la photo du dos de la pochette). Aujourd’hui, les musiciens montréalais (dont une batteuse !) proposent une mixture pas foncièrement différente de la précédente, entre les cavalcades mélodiques du speed-heavy traditionnel, les vocaux d’écorchés vif du death/black et les sonorités folkloriques, à mi-chemin entre Rhapsody Of Fire, C.O.B. et Wintersun. Après une intro annonciatrice des grandes joutes métalliques à venir, “Scarlet To Snow” déboule avec ses guitares acérées, ses notes de synthé hystériques et son chant lacéré. Les éléments folk présents dans Profugus Mortis, le groupe, sont ici plus discrets et les guitares de s’en donner à cœur joie. Il faut dire que le violoniste, Emile, a été remplacé au profit d’un deuxième guitariste, Kim, qui donne plus d’épaisseur et de corps à la musique de Blackguard, le clavier, Jonathan, reprenant à son compte les parties folk pour un traitement plus synthétique. Du côté des compositions en elles-mêmes, le groupe ne s’éloigne pas de sa ligne de conduite d’origine (du pagan metal ou du folk metal, selon les formules consacrées) alors que la paire de guitaristes tricote à la perfection ses riffs et autres interventions en solo. Nos six canadiens n’ont donc rien à envier à leurs homologues européens cités plus haut. Cheers !
Laurent Gilot
Blackguard, Profugus Mortis (Nuclear Blast/Pias)