Le déficit budgétaire explose. Il va doubler, en 2009. La dette publique a augmenté de 20 points de PIB depuis 7 ans. Le plafond des avances de la Caisse des dépôts à la Sécurité sociale ne cesse d’être relevé pour combler le trou de trésorerie, chaque jour plus profond. La Cour des comptes s’interroge sur l’ampleur de l’augmentation d’impôts à laquelle il faudra rapidement procéder pour que l’Etat, la Sécurité sociale, l’Unedic sortent des impasses financières intolérables, dues à leur gestion calamiteuse.
Et pendant ce temps-là, Nicolas Sarkozy promet encore des baisses d’impôts : suppression des tiers provisionnels pour l’année 2009, pour la première tranche de l’impôt sur le revenu, disparition de la taxe professionnelle et, maintenant, baisse de la TVA sur la restauration et d’autres produits.
Ces mesures, dans un autre contexte, pourraient avoir du sens. Elles représentent même des revendications depuis longtemps posées par les entreprises, voire par les contribuables. Mais aujourd’hui, dans les circonstances que nous connaissons, cette frénésie d’annonces fiscales seraient risibles si notre pays n’était pas dans un déséquilibre structurel de ses finances publiques.
C’est là tout le problème de la politique économique du président de la République. Elle est une suite de réactions, de ripostes, de réponses au jour le jour. Elle ne s’inscrit ni dans une vision globale, ni dans une cohérence. Elle est décalée par rapport à l’ampleur du choc qui touche l’économie mondiale. Elle accumule les propositions les unes aux autres, sans stratégie. Elle fait perdre des recettes précieuses depuis deux ans au pays, notamment le paquet fiscal. Elle n’arme pas la France en matière de recherche, de formation, de qualification. Elle amplifie les inégalités, les injustices. Elle apporte le soutien de l’Etat sans contreparties aux banques et aux grandes entreprises. Elle ne pose pas de règle de principe qui permettrait à chacun de savoir ce qu’il doit et ce qui lui est dû.
Et l’Histoire retiendra qu’au moment où la France cherchait, en cette période de récession, un plan de relance susceptible de redonner confiance, il y avait un président de la République, en cet instant, qui pensait que sa tâche, sa mission, son devoir, était de satisfaire une promesse de son prédécesseur en 2002. Baisser la TVA sur la restauration, sans être même sûr de pouvoir offrir le taux rêvé de 5,5% à ceux qui la demande. Et sans être convaincu lui-même d’une quelconque efficacité du dispositif sur l’emploi. Mais que voulez-vous, à cette époque, ce Président s’appelait Nicolas Sarkozy, et son ambition était de faire mieux que Chirac.