Rachel Owen / Lisa Wiseman

Publié le 12 mars 2009 par R0udy

Honnêtement, le souci d'homogénéité fut mon unique motivation à ne pas nommer cet article Post Retro et vous allez vite comprendre pourquoi. Enfin, y avait aussi l'option De l'évolution des arts graphiques à travers les temps et les modes de la seconde moitié du Vingtième, sans même un 'siècle' en bout rendez-vous compte ; mais ampoulé pour ampoulé j'ai préféré laisser les chambres rouges nous éclairer.

Pff, ça devient vraiment chiant par ici.

Prenez par exemple Rachel Owen : impossible à la vue de ses travaux de ne pas penser à une espèce d'hybride féminin de Saul Leiter et d'Andy Warhol, deux des plus grands génies du graphisme américain qu'aie connus le vingtième siècle. A l'un elle emprunte la vision, la complexité texturale et, de manière plus importante, la faculté de capturer en photo ce que l'art figuratif peignait depuis des siècles, à l'autre elle vole la capacité d'émerger du temps ses modèles par leur recoloration imprécise, la réinterprétation surexposée de la réalité comme pour en faire jaillir l'essence au delà de la forme. Si de nombreux enfants sont présents dans ses premières scènes c'est probablement dans un souci de renouveau de la vision, de triomphe du neuf sur des photos indatables ; toutefois ils sont tantôt observés depuis une vue adulte, en contre-plongée ou en cadre à la ceinture, tantôt perçus en surhommes triomphant sur l'environnement ou placés de manière dramatique. 

 

 

Sa seconde série explore une idée semblable et oppose des environnements dans leur aspect ou leur évocation en les observant comme s'il n'avaient ni nature ni rôle ; une beauté étrange et dérangeante s'en dégage alors, souvent révélée par le titre de la prise :

Head

 

Ribs

For sale

Tuileries

Green Car, qui m'a poussé à me questionner quant à une éventuelle revisite des 15 minutes of fame

Carousel

Plus contemporaine, Lisa Wiseman. Non pas que le pop art soit dépassé, mais elle en est carrément au stade des expos à l'iPhone. Pour réellement comprendre son oeuvre il faut l'appréhender globalement : ses trois premières séries semblent se résumer à des études scolaires de l'attitude : les focales sont courtes, les modèles inexpressifs, les décors vides et monochromes. Cependant pour l'intérêt de l'extrait ci-dessous j'ai concentré quelques captures d'une modèle assez splendide :

Sa quatrième session est un assortiment de Polaroïds, dont elle loue à raison la spontanéité et le charme. Pas forcément remarquables, je les affiche afin d'introduire le corps de mon sujet.

Et c'est l'âme qui hante ces inimitables clichés bas-de-gamme qu'elle a su insuffler dans sa très récente collection The New Polaroid, une ode à l'iPhone ici présenté comme le fils spirituel de l'appareil mécanique du fait de ses limitations techniques analogues :


Et effectivement, ces photos disposent d'une sorte de facteur vintage instantané, d'une colorimétrie étroite qui les rend extrêmement dynamiques. Demeure une question : est-ce qu'au final la photographie constitue une continuité logique de l'art moderne (par opposition à celle de l'art contemporain, mais pas seulement), ou mieux encore, définit une discipline indépendante de toute autre forme d'expression visuelle ? On peut constater que l'Histoire a guidé ces dernières vers l'abstraction, la recherche de la base plutôt que du tout… nous sommes en plein dedans. La mer devient un dégradé bleu instable et éloquent, le reflet du soleil une tache troublant sa quiété, et c'est tout.